Hommage à nos héros de la guerre 1914-1918
Jean-Pierre Franssens m'avait donné l'occasion de lire un recueil de notes, du vécu de la guerre 14-18 de son grand-père.
Jean-Pierre a complété les notes et ce livre est impressionnant de réalité.
A l’occasion du 100e anniversaire. Je lui fais la surprise de publier quelques extraits et ainsi, de les partager avec vous. (toutes les photos proviennent de Jean-Pierre).
C'est pour nous un bel hommage que nous rendons au courage de nos ancêtres, à l'occasion de cette commémoration du 11 novembre.
Extrait des notes d’Henri-Jacques le Poilu (grand-père de JP),
Les conditions de vie du soldat 1914- 1918.
Le 20 mai 1916
Chers parents,
Reçu votre lettre du 11 mai mais pas encore le colis. la lettre a mis trois jours. les provisions seront les bienvenues, car ici on a la crève.... Envoyez-moi une paire de chaussettes, trois mouchoirs, une serviette, une flanelle, une chemise, pas plus car je ne saurai pas où le mettre car on ne peut changer de linge que deux fois par semaine, comme vous le supposez, c'est pas facile et ça nous importe peu.
Tels des mineurs nous faisons des "sapes colossales" ( des tranchées) à perte de vue. C'est humide, mais on y dort bien quand même...
Mon ancien régiment a du prendre quelque chose hier pour son rhume.
C'est la vie! Je vous embrasse tous quatre.
Henri-J.
Le jour où Henri-Jacques fut blessé par un obus :
…. Les ordres…chaque sergent, chaque caporal, devait sortir le premier à la tête de ses hommes et,….tandis que les obus sillonnaient l’espace depuis un bon quart d’heure, l’un de ceux-ci qu’on devinait mal attaché, sembla se diriger vers notre groupe. Je remarquais doucement, dans un sourire: «-Celui là est sûrement destiné pour nous!…»
Le bolide arrivait à une vitesse vertigineuse. Un sauve-qui-peut général. Le geste pour entrer dans la sape qui s’ouvrait à deux pas et je sentis aussitôt comme un poids de cent kilos au bout du bras gauche. Ma main qui ne tenait plus que par un tendon pendait lamentablement, recroquevillée.
Le coup était si rude que je croyais étouffer. Il me fallait de l’air…Je m’asseyais sur un tronc d’arbre en serrant de toutes mes forces mon poignet d’où le sang s’échappait en abondance par l’artère coupée nette. «Ah! Les vaches!…».
«- Serre vite mon poignet» dis-je à un «bleuet» près de moi. Inerte, pâle et hébété, je ne pouvais pas compter sur lui. Heureusement un «pépère» qui passait défit un de ses lacets et garrotta mon avant-bras. Ma main s’alourdissait de plus en plus et mon avant-bras au dessus du garrot me faisait mal. Le caporal Boyer me tendit un quart de rhum-du vrai- puis un deuxième que j’avalai coup sur coup. ..Devant l’irréparable, je demandais à la ronde «Coupez le bout de chair!..»
Le caporal prit sa cravate et me fit un deuxième garrot, puis essaya de couper le nerf. Ce brave, ne put terminer ce travail et s’en alla vers son abri où il s’évanouit devant l’effort.
«-coupez! Je ne sentirais rien….»
L’aide-Major et se brancardiers se contentèrent de rattacher la main provisoirement avec une bande de pansement. Sur le front on ne distribue que les premiers soins. …Avant de quitter ces braves soldats du 31ème que j’avais appris à aimer, une crise de larmes, vite réprimée, m’empoigna.
«-Qu’avez-vous? remarqua le capitaine, vous avez la vie sauve. Estimez-vous heureux de ne laisser qu’une main dans cette guerre!…
«- Merci, mon capitaine, pour vos bonnes paroles. Mais la peine qui m’étreignait tout à l’heure, c’était simplement la perspective de voir ma vie brisée; de me trouver désormais dans l’impossibilité de continuer le seul métier manuel que j’ai appris…»
«-Oh! je suis bien tranquille pour vous à ce sujet, répliqua-t-il. Vous vous débrouillerez bien!…»
Je serrais alors toutes ces mains amies tendues. Allongé sur la civière, les quatre brancardiers m’enlevèrent à hauteur de leurs épaules. Dominant les êtres et les choses du haut de mon perchoir, je tendais le poing droit fermé dans la direction de l’ennemi en l’invectivant de la seule phrase qui résumait toute ma pensée, toute ma vengeance: «- Bande de salauds!….»
Ci-dessous le courrier envoyé à ses parents suite à l'amputation de sa main.
Extrait de la bataille de l’Oise 1918
Nos héros :
Enfin le 11 novembre: nouvel extrait
Le 7 novembre 1918, Mathias Erzberger, représentant du gouvernement allemand passe la ligne de front jusqu’à la villa Pasques de la Capelle, pour préparer les négociations. Wilson et Pershing étaient opposés à l’armistice immédiat. Ils préféraient chasser l’allemand des pays occupés, avant.
Mais Clemenceau est pressé.
Il veut que les combats et les carnages cessent.
L’armistice est signé à 5h 15 du matin, au milieu du carrefour de Rethondes en forêt de Compiègne, dans le wagon de Foch. Le cesser le feu à 11 heures.
Le premier clairon à sonner le 1er Cessez le feu, s’appelait Pierre Sellier.
C’était le 11 novembre 1918-
Le 11 novembre PHOTOS DE PRESSE
L’armistice est signé pour 36 jours renouvelables.
Le bilan de ce conflit se place dans l’irréalité, compte tenu des résultats. Plus de 8 millions de morts dont 1,4 million, de Français, plus, des millions d’Invalides et mutilés.
C’est George Clemenceau qui est chargé d’annoncer au pays les conditions de l’armistice du 11 novembre.
«L’Allemagne doit livrer tout son armement, son aviation et sa marine. «Les allemands doivent passer, le Rhin sous 30 jours»
Clemenceau le surnom de «Père la victoire» se transforme ironiquement en «perd la victoire» et l’on dit de lui qu’il «avait gagné la guerre et perdu la paix.».
Le 28 juin 1919, suite à l’armistice, Le traité de Versailles. Galerie des glaces.
Pas d’Allemands, pas d’Autrichiens et pas de Russes (qui avaient arrêtés la guerre en 1917), le 18 janvier 1919 à Paris lors du début des travaux au Ministère des Affaires étrangères.
Le 19 février 1919, en plein travaux, un anarchiste, EmileCottin, né à Saragosse, militant anarchiste tire 3 balles de revolver sur Clemenceau.
Il va en garder une à vie (près de l’aorte). Solide comme un roc, 6 jours après, il reprend les travaux. Il fait commuer la peine de mort pour Cottin, en 10 ans de réclusion. Cottin en 1936, meurt engagé à la révolution espagnole.
Pour la forme, les représentants de 27 pays alliés font face aux allemands. Le 11 avril, adoption de la charte internationale du travail.
Chacun a pu apporter ses idées et ses souhaits. Mais le traité a été concocté par 4 personnes, en cercle fermé. Le français Georges Clemenceau, souhaitait récupérer l’Alsace et la Lorraine. Le britannique David Lloyd George, lorgne sur les colonies allemandes et sur le marché intérieur des vaincus.
L’Italien, Vittorio Orlando, souhaite des annexions autour de l’Adriatique au détriment de l’Autriche –Hongrie.
L’Américain Thomas Woodrow Wilson, son commerce avec l’Europe. Il apporte 14 propositions pour le traité.
-Fin de la diplomatie secrète.
-Liberté de navigation et de commerce.
-Réduction des armements.
-Règlement des rivalités coloniales.
-L’évacuation de la Russie de la France et de la Belgique.
-La restitution de l’Alsace et la Lorraine à la France.
-La rectification des frontières italiennes.
-L’autonomie des peuples d’Autriche-Hongrie.
-L’évacuation de la Roumanie, Serbie et Monténégro.
-L’autonomie des peuples non-turcs de l’Empire Ottoman.
-La refondation d’une Pologne indépendante.
-La création d’une association des Nations.
Ce n'est qu'en 1925 que le grand-père de Jean-Pierre fut appareillé. Nous trouverons le courrier et le modèle ci-dessous.
Cet homme fit de la peinture
et écrivit plusieurs livres de guerre... des poésies comme cet extrait :
La descendance a suivi dignement avec Jean-Pierre Franssens membre du réseau, artiste peintre qui aime écrire.
Merci Jean-Pierre !
CD
Petit additif du commentaire de Jean-Luc L : A cette occasion je vous rappelle un des nombreux romans sur ce massacre inimaginable : " La peur " de Gabriel Chevallier