Nous ne reverrons pas la Syrie par Pierre GÉRARD-DEPREZ 1/2
Pourquoi une guerre dans ce pays que Marie-Jo et Pierre avaient trouvé si beau en 2010 ? Je ne suis pas une spécialiste, mais rappelons-nous quelques faits.
Printemps 2011 : Des manifestations d'opposants, réclamant plus de démocratie au Président Bachar Al-Assad, éclatent. Les rebelles au régime commencent à entrer en conflit armé contre les pro-Assad. Profitant de ce conflit, trois mouvements islamistes armés dont Daech , tentent eux aussi de de s'emparer du pouvoir.
Cette guerre entraîne l’exode de la population. On pense que + de 10 millions de Syriens ont fui la guerre.
Perte irréversible d’un patrimoine de l’humanité :
La presse nous signale que 300 sites du patrimoine culturel syrien ont été détruits totalement ou partiellement, particulièrement à Alep, 7 000 ans d'histoire, de même pour les temples romains de Palmyre ou des statues assyriennes à Hassaka. Démolis par la guerre, parfois détruits pour des raisons religieuses, auxquels s’ajoutent le pillage des sculptures, poteries, mosaïques…
Pierre et Marie-Jo, conservez dans votre mémoire ces souvenirs inestimables d’une Syrie en paix. Merci pour ce magnifique article qui passera en deux fois sur le blog, afin d'apprécier pleinement les photos.
Évoquer les souvenirs d'un voyage en Syrie revient à se demander si nous n'avons pas rêvé cet épisode de notre vie.
Cela remonte, déjà, à 2010 avec notre premier camping-car.
De fil en aiguille!
Deux ans auparavant un jeune couple de néo-zélandais nous avait dit, alors que nous visitions le site de Delphes en Grèce: « surtout, allez en Turquie c'est magnifique!»
L'année suivante, nous y étions.
D'Istanbul au Lac de Van, de la Mer noire au plateau Anatolien et à la Cappadoce, nous avons pris tout notre temps pour découvrir le pays.
En fin de périple, il est une plage magnifique où viennent pondre les tortues, au pied de la montagne Chimerea. Le village s'appelle Cirali.
Nous y avons rencontré des nantais, revenant de Syrie. Une soirée de conversation sous les étoiles nous a donné l'envie d'aller voir ce qu'ils avaient vu!
En septembre 2010, nous prenons donc la route avec pour destination finale Aqaba en Jordanie (la ville sur la mer rouge prise par Lawrence d'Arabie).
Sur place:
Nous avons effectué deux séjours en Syrie l'un à l'aller, l'autre au retour de Jordanie.
Après la dernière ville turque Antioche, le premier choc, une fois passé la frontière, a été de découvrir la ville portuaire de Lattaquié.
Elle nous a laissé une impression bien peu séduisante avec son urbanisme désordonné, ses trottoirs défoncés, ses poubelles débordantes et, accroché à tous les lampadaires le visage de «bon père de famille» de Bachar Al Assad.
Nous y avons passé deux bonnes heures à tenter de tirer en vain des £ syriennes aux distributeurs de banques, jusqu'au moment où nous avons compris que l'équivalent de 300€ représentait une somme bien trop importante pour un DAB local !
Nous nous sommes donc contentés de 50€ avec nos cartes respectives...!
C'était encore la paix, mais quelques mois plus tard Lattaquié allait connaître le déferlement d'un demi-million de réfugiés fuyant Alep, et les autres zones en guerre.
Les lieux qui suivent, parmi tant d'autres, restent gravés dans nos mémoires.
Apaméa, où nous avons passé ensuite, notre première nuit syrienne dans la plus grande tranquillité avec pour cadeau un coucher et un lever de soleil sur ses antiques colonnes.
La plus longue des colonnades antiques 1,850 km, où Cléopâtre aurai traîné ses cothurnes sur un dallage de mosaïques!
Hama la douloureuse, et ses norias sur l'Oronte. Cette ville a souffert par deux fois, avec le père Assad (30 000 morts en 1982), et avec le fils puisque la ville a été assiégée pendant plusieurs mois, avant qu'une partie de la population affamée puisse être évacuée par bus humanitaires.
Depuis le début de la guerre, Hama a été l'enjeu de cinq batailles et cela continue encore.
(Autrefois 30 norias comme celle-ci brassaient l'eau de l'Oronte, il n'y en avait plus que 8 lors de notre passage , Sans doute n'en reste t- il aucune aujourd'hui.)
Le Krak des Chevaliers, classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco, cette merveille d'architecture militaire a été édifiée par les croisés au sommet d'une colline. La forteresse, pouvait à son apogée, au début du 12ème siècle, accueillir une garnison de 4000 soldats et de 400 écuyers.
Elle aussi a souffert de bombardements et d'une occupation militaire.
( Lawrence d'Arabie écrivait en 1908 « Sans doute le mieux conservé et le plus admirable château du monde)
*Mar moussa Al Habachi ( en français: Le monastère de Saint Moïse l'Abyssin)
Ce monastère a été fondé au XIème siècle, il est perdu dans le désert à 90 kilomètres au nord de Damas.
Ses bâtiments accrochés à la montagne ont été restaurés à partir de 1988 par un jésuite italien le Père Paolo.
Figure charismatique, prônant le rapprochement entre les syriens catholiques et les musulmans, ses positions courageuses face au régime en place lui ont valu d'être expulsé du pays en 2011. De retour pour négocier la libération d'otages, il a été enlevé dans un bus par Daech le 28 juillet 2013 à Raqqa.
Quatre ans plus tard il est toujours porté disparu et l'espoir de le retrouver vivant est bien faible.
La chapelle, reflet de la chrétienté orientale qui animait le Père PAOLO, cet «amoureux de l'islam» comme il se définissait lui-même.
LE DJEBEL DRUZE,
Curieuse région où le basalte a servi à la construction de PHILIPPOPOLIS au IIIème siècle par l'empereur Philippe l'Arabe. Nous nous y trouvons le jour de la grande fête de l'Aïd (fin du ramadan).
Les filles rivalisent d'élégance, jeans et sacs à mains, les gamins, histoire de s'amuser, nous balancent d'énormes pétards sous le camping-car. Nous n'apprécions guère le jeu, à cause de la bonbonne de GPL, viatique indispensable pour la vie à bord!
A noter que chez les druzes, magnifique peuple, les femmes ne portent pas le voile
Un groupe de jeunes filles
Belle sculpture en Basalte
C'est un policier qui nous fait la visite de sa ville
*Damas avec sa vie trépidante, ses rues, ses boulevards, son souk, ses boutiques minuscules en bois sculptés et ses ruelles tenant du labyrinthe.
L'entrée de la Grande Mosquée des Omeyades
La cour pavée de marbre est un magnifique terrain de jeux !
<---La salle de prières
Police « Elle est pas belle ma moto ?»
Scène de la vie quotidienne : la fabrication du pain dans la rue.
Le souk et ses minuscules échoppes pleines à craquer de marchandises
Alep deuxième ville du pays avec 2,5 millions d'habitants, son château sur une colline offrant une vue sur la ville à 360°, son souk, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco le plus grand marché couvert du monde dont la majeure partie remontait au XIVème siècle. Dès septembre 2012, il a été détruit par des bombardements suivis d'incendies dévastateurs.
A la fin de l'année dernière, il a été fait état que plus de 700 échoppes n'étaient plus que cendres.
Nous stationnons pour la nuit au pied de l'hôtel Sheraton. Nous n'avons pas pu trouver mieux comme adresse!
L'entrée de la citadelle
Le salon de réception du château où ont été reçus nombre de chefs d'états notamment européens.
13 kilomètres d'allées comme celle-ci, dans le souk d'Alep
un vestige de la présence française
Pierre et Marie-Jo vous retrouveront la semaine prochaine à Palmyre ... Bonne semaine !