Deux collègues nous ont quittés en quelques jours
Chers collègues
C’est avec une immense tristesse que je viens vous annoncer, deux disparitions.
Notre ami et doyen Jean Delefosse s’est éteint chez lui lundi dernier 17 juin.
Jean avait fêté ses 95 ans, il ne s’était jamais vraiment remis du décès de sa fille et de sa femme.
Les aînés du BHV l’ont bien connu. Nous avions fêté son anniversaire sur le blog en mai dernier.
Vous pouvez écrire à sa fille Catherine avec qui je communiquais, qui partagera avec sa famille.
N’hésitez pas à me demander l’adresse ou le mail ou laisser un commentaire ci-dessous qui sera transmis.
Ses obsèques auront lieu mercredi 26 juin, à 14h30
En l’église St Christophe, 4 rue Félix Maire à Créteil (94000) .
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Patrick Laporte que la génération plus jeune connait, a travaillé de 1999 à 2007 au bricolage du BHV Rivoli (quincaillerie et Electricité)
Il travaillait, dans une entreprise de domotique, depuis son départ du BHV.
Patrick aimait le foot, restait fidèle aux valeurs de l'armée où il avait servi. Il était travailleur, sérieux, courageux et bien sympathique.
Ses obsèques ont eu lieu jeudi dernier, le 20 juin à Montigny le Bretonneux.
J’ai été surprise, comme vous; Patrick aurait eu 56 ans en septembre prochain, mais la maladie l’a emporté d'une manière foudroyante en un mois de temps.
Vous pouvez envoyer un mot à son épouse (me demander son adresse) ou laisser un commentaire ci-dessous qui sera transmis.
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Je vous souhaite un bel été ensoleillé.
Christine D
Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°16 1901 Un nouveau siècle
1901 En France :
On compte au début de ce siècle 1 millier d’automobiles.
La vitesse est limitée à 20 km/h hors agglomération, et 12 km / en ville ; On ne rit pas !...
Seules les routes nationales sont goudronnées. En ville les rues sont le plus souvent pavées et quelques-unes goudronnées.
La police est à présent équipée de vélos. Ces nouvelles brigades prêtes à pouvoir aller plus vite pour arrêter les voleurs sont appelées « Les hirondelles », du nom du vélo le plus répandu et fabriqué à la manufacture de Saint Etienne.
Le gouvernement s’inquiète du faible taux de natalité qui côte 22,1% pour un taux de mortalité de 21,5%(Il est beaucoup plus élevé en Allemagne : 36% ou en Angleterre : 27%).
La France a besoin de main d’œuvre et fait appel à l’immigration : plus d’1 million d’étranger (Italiens et Belges principalement) viennent grossir les 39 millions d’habitants.
« 1901 » Evocation d’une loi ! Cette loi qui survit au fil des années, cette loi qui a favorisé tous les domaines de la vie associative. De la compétition sportive à l’action humanitaire, en passant par tous les sujets, la Loi de 1901 est omni présente.
Dans le monde :
La Reine Victoria 82 ans décède après 63 ans de règne. Elle sera remplacée par Edouard VII.
C’est l’année d’attribution des prix Nobel.
Communication : 1er essai réussi de la téléphonie sans fil. La TSF est née.
Pour le Bazar de l’Hôtel de ville
Evolution du BHV, avec la veuve de Xavier Ruel
Le 24 janvier 1901 est créée la société Veuve Ruel et Cie : Société en nom collectif au Capital de 11 millions de Francs, composée de :
Son épouse Marie-Madeleine Ponducery-Ruel,
Sa fille Françoise et son gendre Georges Viguier,
Son autre fille Pauline et son deuxième mari Henri Becker,
Ainsi qu’un neveu Henri Ruel.
Le BHV comprend alors les maisons n°48 bis rue du Rivoli, n°15 rue de la Verrerie sur un ensemble d’environ 188m²
S’ajoutent d’autres bâtiments au 15 verrerie : 1 (sur la rue) sur caves et 5 étages et 3 (ailes droite et gauche et fond de cour) sur cave et 3 étages, + 2 cours, le tout sur 836 m²
Au 18 rue de la Verrerie : Un bâtiment de 5 étages avec entrée par un passage de porte cochère d’une superficie d'environ 1200 m. Au fond, un grand hall avec galerie au-dessus, communiquant avec l'immeuble de 5 étages du 7 rue de Moussy.
Le 16 mai 1901 : Acquisition du 5 rue des Archives.
Le magasin compte 800 employés et est prospère.
Le bazar commence à vendre de la mode mais reste fidèle aux comptoirs à prix uniques qui avaient été pressentis par Xavier Ruel lorsqu’il a ouvert ses premières boutiques pour répondre au besoin des classes laborieuses qui souhaitaient trouver des boutiques ouvertes à leur choix et à leurs modiques ressources.
Le personnel travaille de 9h à 19h30 y compris le dimanche avec un jour de congés tous les 10 jours. Lors des périodes de fêtes, le magasin ouvre jusqu’à 22h
Une idée du Grand Magasin sur le plan social nous est racontée sur le Bon Marché !
Au bon marché, on retrouve l’esprit du règlement des grands magasins d’alors et la rigueur.
Dans le règlement du Bon Marché, où les horaires sont sensiblement les mêmes, on peut lire :
« A son arrivée, le personnel doit se faire inscrire sur les livres de présence. Les absences et les retards sans autorisation ne sont pas tolérés… Une mise convenable et une bonne tenue sont recommandées à tout le personnel »
Service des réfectoires, comme vous ne l'imaginiez pas:
« Chaque employé a droit à deux repas complets par jour, composés :
A déjeuner, d’un plat de viande au choix, d’un plat de légumes, et d’un dessert ;
A dîner, d’un potage, d’un plat de viande au choix, d’un plat de légumes, d’une salade et d’un dessert.
Il a le droit, en outre, à un demi-litre de vin par repas. Un supplément de viande est accordé à chaque repas à tous les employés qui en font la demande.
La nourriture doit être saine et abondante. La durée des repas est de ¾ d’h.
Règlement des employés logés parla maison.
Le bon Marché pourvoit au logement 1) des demoiselles qui n’ont pas de famille à Paris, au 16 rue de Babylone.
2) des jeunes gens qui ne peuvent pas habiter chez leurs parents, au 106 rue du Bac.
Ces derniers doivent rentrés à 11h précises le soir et minuit et demi le dimanche et jour de fête….
Le plus grand soin doit être apporté à la bonne tenue et à la propreté des chambres.
Un salon de réunion, avec piano et jeux divers, est à la disposition des Demoiselles.
Depuis 1872 des cours gratuits sont à la disposition des employés afin d’utiliser d’une manière instructive leurs soirées : Un cours de langue anglaise, un cours de musique vocale avec chorale ; un cours de musique instrumentale avec orchestre d’harmonie ; Une salle d’escrime
Un médecin est attaché à la maison, et les consultations sont gratuites. »
Le monde du Commerce
Les petits magasins éprouvent une certaine haine vis à vis des grands magasins et on peut lire dans un journal leur rage...
A suivre…
CD
Adieu François!
Triste nouvelle. François n’est plus !
Notre ami François Paris, vient de décéder lundi dernier, pendant le weekend de la Pentecôte, à Montpellier.
Pour certains d’entre vous, François était une simple connaissance, pour d'autres un collègue ou un ami.
Nous l’avons connu souriant, de bonne humeur, généreux, tourné vers les autres, il aimait les liens du réseau.
Sa passion pour le sport et les matchs de foot, nous faisaient parfois sourire !
Il a aidé en œuvrant pour ceux qui n’avaient pas d’internet en les informant, en éditant le bulletin annuel et la liste des membres et en leur envoyant par courrier.Tous étaient heureux de recevoir ton pli.
Puis en 2015, sa santé a décliné et il n’avait plus la force d’assurer son rôle d’ambassadeur réseau pour le sud-est.
On le savait affaibli, mais on ne le savait pas proche du dernier voyage. Les dernières nouvelles remontaient à plus d’un mois.
Je savais que Marie-Christine K, Gérard B, Michel B prenaient régulièrement de ses nouvelles et comme d’autres collègue, soutenaient son moral.
Tu pars beaucoup trop vite, François tu venais d’avoir 73 ans.
François, aujourd’hui nous sommes tristes, mais nous savons que tu ne souffres plus; tu nous laisses un grand vide !
François : Tes collègues du BHV et du réseau ne t’oublieront pas.
Repose en Paix !
Nous présentons nos plus sincères condoléances à ses enfants.
Ceux qui veulent écrire à la famille (son fils Christophe) peuvent me demander l’adresse postale ou l’adresse mail, en utilisant le commentaire ci-dessous.
Christine D.
Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°15 1900 Décès de Xavier Ruel
J'aurais aimé vous proposer un article plus court! Mai j'ai préféré garder les beaux témoignages sur Xavier Ruel!
Alors, prenez le temps!...
La belle-Epoque est cette période qui commence en 1900 pour se terminer e 1913, veille de la grande guerre mondiale. Cette période se révèle économiquement et financièrement stable, après la succession de progrès scientifiques, physiques et économiques de cette fin du XIXe. Tous les signes nous permettent d’être optimistes : La fée Electricité arrive dans les foyers, le cinéma vient nous distraire tandis que les transports, tels l’automobile et l’aviation, semblent prévoir des lendemains heureux.
Véritable révolution féministe, en cette année avec les deux premières femmes avocates qui plaideront au Tribunal ! La révolution artistique et musicale sera dense.
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Pourtant le BHV est saisi d’une grande tristesse,en ce début d'année 1900; Xavier Ruel décède. Nous sommes le 31 janvier à 4 h et demi du matin. Ce père, fondateur du BHV, conseiller municipal, homme discret, bon, philanthrope vient de s’éteindre à Cannes à la villa des Enfants.
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Le 5 février 1900 eut lieu à Notre-Dame de Paris, une impressionnante cérémonie où les 800 employés du BHV assistaient, dont Monsieur Capoulin doyen des employés. Bien sûr le préfet de Police, les conseillers municipaux et généraux de Paris et les Hauts fonctionnaires de la Préfecture assistèrent à ses obsèques.
On peut lire dans l’Echo de Paris:
" Monsieur Ruel, conseiller municipal de Paris, propriétaire du Bazar de l’Hôtel de Ville, vient de mourir à Cannes, dans une de ses fondations philanthropiques, la « Villa des Enfants ».
M. Ruel, qui avait à Paris, une haute situation commerciale avait eu des débuts forts modestes ; il fut placier en article de Bazar et sa femme tint une échoppe foraine dans un terrain vague du quartier de l’Hôtel de Ville.
Monsieur Ruel avait été élu conseiller municipal du quartier de Notre-Dame le 4 mai 1884.
Démissionnaire le 19 février 1886, il fut réélu le 17 mai 1887 et son mandat fut, depuis toujours renouvelé.
Il avait fondé un réfectoire populaire dans la rue de la Verrerie, un dispensaire dans l’île Notre-Dame et une maison d’hivernage pour les jeunes filles poitrinaires à Cannes."
On peut lire aussi dans le petit Journal.
"Monsieur Ruel, qui depuis seize ans représentait au conseil municipal de Paris, le quartier Notre-Dame est mort d’une pneumonie, la nuit dernière dans sa villa de Cannes.
Xavier Ruel était né en 1822 à Annonay ; il avait débuté dans le commerce par les emplois les plus modestes. Avec quelques économies péniblement amassées, il ouvrit en 1846 à Lyon un petit établissement qui prospéra.
En 1854, Monsieur Ruel installait à Paris dans une boutique louée à la journée, un petit déballage qui réussit au point de devenir le Bazar de l’Hôtel de Ville"
Les différentes éloges et lectures lues à son enterrement en disent long, sur l’homme et sa personnalité.
Notre-Dame avait revêtu la grande toilette de deuil qu’elle arbore pour pleurer, avec le bronze de ses cloches, les voix de sa maîtrise, les psalmodies de ses chanoines… On enterrait un "Bazardier."
"Ruel avait débuté sans le sou. Et, par la force de la volonté et du poignet, il était arrivé à la notoriété d’abord, aux honneurs ensuite. Il avait fondé une maison de commerce populaire, un bazar grand comme une petite ville…
La vie de Ruel, le fondateur du Bazar de l’Hôtel de Ville, ne doit pas seulement servir à encourager les imitateurs, à prêcher les beautés de l’effort et les splendeurs de l’énergie aux individus. Elle doit servir aussi à justifier à défendre, un peu de notre société calomniée et à rassurer, ceux qui se demandent s’ils accomplissent le devoir social…. "
Son corps avait été déposé dans les caveaux de Notre-Dame.
"Ce matin, on l’a placé dans un catafalque immense élevé au milieu du Chœur, entouré de milliers de cierges. La nef tout entière a été tendue de draperies noires ; de place en place, on a déposé des torchères… Puis le cortège s’est formé devant la cathédrale, sur le parvis de Notre-Dame, envahi par la foule des assistants qui n’avaient pas pu trouver place dans l’église. Deux chars de couronnes envoyées par le Conseil Municipal et le Conseil Général des Employés du bazar, la société de secours mutuel, l’école Braille… Puis les délégations des élèves des écoles communales, de l’Orphelinat du dispensaire Ruel se sont placées en tête devant le char funèbre….
Par la rue de Rivoli, la rue de Turbigo, et l’avenue de la République le convoi a gagné le Père Lachaise. Devant la tombe, plusieurs discours furent prononcés."
Un homme cita Xavier Ruel, dans un de ses discours :
" Pour obéir, disait M. Ruel, à la tradition qui me confère le droit de vous donner des conseils, qu’il me suffise de vous dire : Continuez votre œuvre.
Assainissez, embellissez Paris, abordez et résolvez dans la mesure du possible les questions sociales. Nous sommes tous en effet d’accord sur ce point que le but de la politique doit d’être d’alléger les douleurs de ceux qui souffrent et les charges de ceux qui travaillent. Si nos efforts tendent vers ce double but, nous sommes sûrs que notre œuvre sera féconde »…
Un conseiller déclara :
"Pendant les années qu’il passa au milieu de nous, il ne compta que des amis. C’est que sous une écorce un peu rude, Ruel cachait une grande aménité de caractère et une grande bonté.
Il était notre doyen d’âge et il me plaît de rappeler ici avec quel accent convaincu, il nous parlait, dans sa dernière allocution de la justice et de la solidarité sociale qui sont disait-il la caractéristique d’un gouvernement vraiment républicain. Ses idées, il les mettait en pratique depuis longtemps.
Son âme bienfaisante et généreuse aller comme par instinct à tout ce que l’âge ou la maladie condamnait au repos et à la misère ; et les habitants du 4e arrondissement ne sauraient oublier combien il en fut secourable à tous et avec quelle discrétion et quelle affabilité il savait dispenser ses largesses. Il donnait avec son cœur.
Il aimait les petits enfants et les faibles, et vous savez ce qu’il faisait pour eux à Paris et dans sa maison de convalescence de Cannes.
Aussi, Ils ont eu sa dernière pensée et ses dispositions testamentaires ont assuré un lendemain aux œuvres philanthropiques qu’il avait fondées.
Ce qu’il faut surtout retenir de cette vie simple, si honorable et si bien remplie, c’est l’exemple des résultats obtenus par le travail, l’ordre et l’économie, mais c’est aussi l’usage judicieux qu’il fit de sa fortune.
Nul plus que Ruel n’a eu à lutter contre les difficultés de la vie, nul mieux que lui n’a su les surmonter, non par des concours bienveillants qu’il n’avait jamais rencontrés, mais par la force naturelle d’une volonté puissante et par le travail de tous les instants.
N’est-ce pas aussi, Messieurs, pour notre démocratie un spectacle réconfortant de voir un homme, né dans des conditions plus que modeste, arriver par son intelligence et son travail à cette grande situation commerciale qu’occupait notre collègue dans la ville de Paris ?
Ruel, tes collègues du conseil général te garde leur sympathie et leur estime profonde ; tes concitoyens tiendront à honorer, à perpétuer le souvenir des vertus que tu as pratiquées. Adieu !"
Puis ce fut le discours de Monsieur Fallot maire du 4e arrondissement.
"Mesdames, Messieurs
Au nom de la municipalité du 4e arrondissement de Paris, je viens accomplir un douloureux devoir. J’apporte sur la tombe de cet homme de bien le précieux dépôt de souvenirs émus et d’éternelle reconnaissance des petits, des laborieux qui viennent de perdre un bienfaiteur est un ami.
C’est, Messieurs, toute une population souffrante, qui se presse derrière moi et qui avec moi dépose un tribut de larmes et de regard sur le cercueil de Monsieur Ruel. Et, en ce moment solennel, sa tombe ne me paraît pas à sa taille.
Ruel, né pauvre, meurt riche sans avoir jamais su ce qu’était le luxe. Travailleur obscur d’abord, il débute chez les canuts, à Lyon vers 1840; mais pressée dans les règlements d’atelier, son activité est mal à l’aise : il s’en échappe et vient à Paris où les ressources de sa vaste intelligence commerciale trouve bientôt l’aliment nécessaire.
En 1854 il débute seul sur un terrain vague ou s’élève aujourd’hui l’immeuble du numéro 54 de la rue de Rivoli ; il sent bientôt le besoin des classes laborieuses de trouver des boutiques ouvertes à leur choix et à leurs modiques ressources ; il inaugure le magasin à « entrée libre ». Il crée le « Bazar » ; dès lors sa vogue devient prodigieuse et de 1855 jusqu’à ce jour, la fortune l’emporte dans un tourbillon vertigineux jusqu’au sommet des affaires parisiennes.
Mais il refuse de la suivre, cette fortune. Il reste l’homme des premiers jours de misère et dès qu’il peut songer, c’est aux autres qu’il songe.
C’est pour les travailleurs qu’il crée en 1876 sa « pension alimentaire ». Dix ans, à grands frais, il la maintient ; mais elle devient nuisible aux intérêts des petits commerçants de son quartier, il la supprime.
Il tourne ses vues vers une fondation meilleure, celle qui sera son œuvre de prédilection, « le Dispensaire Ruel », qu’il ouvre en 1887 et où, depuis, il reçoit chaque jour plus 100 enfants, sans distinction, ceux qui s’offrent, et à qui à l’aide de médecins dévoués et de soins assidu, il rend la santé et quelques fois la vie, pendant qu’il rend aux familles l’espérance et le courage. Et tous ceux qu’il a secourus pendant ces 12 années témoignent de leur reconnaissance pour cette œuvre maîtresse, à laquelle la ville de Paris a rendu hommage.
Mais ce n’est pas assez. Ruel qui avait dès la guerre de 1870 commençait des distributions de secours en nature et en argent, les continuera infatigablement chaque année pour tous ceux qui s’adressent à lui ou que sa sollicitude découvre. Mais aussi il n’est pas dans notre arrondissement un seul ménage pauvre où sa bonté ne se soit pas fait sentir.
À Cannes en 1892, il fonde la « villa Louise Ruel »ou 40 à 50 jeunes filles malades vont chaque année reprendre la santé et la vie.
Son mandat de conseiller municipal qui lui étaient confié pour la première fois en 1884 par le quartier Notre-Dame et qui lui fut renouvelé quatre fois depuis, lui donne une nouvelle autorité, et avec ce mandat il entre de plein droit dans toutes nos grandes commissions de mairie, ne s’en regardant que comme plus obligé encore à s’occuper de ceux qui souffrent.
Lorsqu’en 1893 l’armée de son personnel fêtait au Casino Notre-Dame sa nomination de chevalier de la Légion d’honneur la joie de tous, lui fut certainement plus sensible que le ruban de sa boutonnière.
Et c’est ainsi que, pendant 20 ans, la municipalité du 4e arrondissement marche côte à côte avec cet homme de bien, resté humble dans la fortune et dont la personnalité bienfaisante toutefois nous fut quelques fois, préjudiciable ; lors ce que nous faisions appel à la charité publique ou à la générosité municipale pour nos œuvres de mairie nous nous attirions invariablement cette réponse « vous avez Ruel. »
On peut dire qu’il vient de mourir au champ d’honneur car c’est en venant de Cannes le mois dernier, pour présider lui-même à sa dernière distribution de secours, qu’il remporta le germe du mal qui devait nous le ravir.
Messieurs, aussi longtemps que les « Caisses de retraite pour la vieillesse » que les « Sociétés de secours mutuel et de prévoyance » n’auront pas garanti efficacement le travailleur contre le retour offensif des âges ; aussi longtemps que les efforts de notre société n’auront pas conquis le droit à la vie pour l’enfant le droit au travail pour l’adulte, le droit au repos pour le vieillard, aussi longtemps nous devrons nous incliner devant cette grande vertu chrétienne : « la charité », et honorer ceux qui la pratiquent. Ruel était de cela, au premier rang.
Il eut toutefois deux faiblesses, il ne croyait pas à la mort possible et i il ne méprisait pas la calomnie.
N’acceptant pas la possibilité de la mort bien, il se croyait la source éternelle de vie qu’il répandait autour de lui, et qui, lui disparu, s’arrête inquiète du lendemain.
Ne pouvant se résoudre à mépriser les calomnies, il regardait avec amertume le mal qu’on lui rendait parfois pour le bien qu’il faisait.
Aussi trouvons nous Ruel, dans sa longue carrière, heureux du bien qu’il avait fait, mais hésitant pour le bien qu’il allait faire ; et c’est là le secret de cette grande inquiétude du lendemain qui hante les travailleurs dont il avait pris la garde.
Heureusement, sa veuve, sa famille héritière des grands principes d’humanité de leur chef ne voudront pas j’en ai eu la confidence, laisser périr les œuvres que Ruel a fondées et c’est par sa famille encore que sa personnalité, dans les bonnes actions à venir revivra éternellement parmi nous.
Et cet homme qui n’acceptait pas la mort avait raison ; vous qui le pleurez avec nous. Madame qui avait été sa compagne de travail et la confidente de ses succès et de ses peines ; Vous ses fils et ses filles dont il aimait à parler comme les dignes successeurs de sa vie toute de labeur, vous aurez souci de perpétuer la mémoire de cet homme de bien que nous retrouvons en vous."
Xavier Ruel repose au Père Lachaise auprès de sa fille.
A sa mort le BHV comptait 800 employés. Quelques mois après le décès de Xavier Ruel, le monde entier a les yeux tournés vers la Capitale pour l’ouverture de l’Exposition Universelle dont nous avons parlée précédemment.
A suivre...
CD
Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°14 1900 à Paris
1900 :
C'est nouveau ! L’observatoire de Paris décide que le jour doit se compter de 0 à 24 h.
Un siècle s’achève, témoin d’une activité créatrice et puissante il vit l’embellissement et l’assainissement de la capitale, le nouveau commencera en 1901.
Après les agitations et les luttes de cette période, les Français aspirent à des années de bonheur et d'apaisement.
L’analyse de ce XIXe siècle, à travers ce que nous venons de vous décrire, nous oblige à constater qu'il fut une succession de progrès.
Le niveau intellectuel s’est élevé grâce à l’instruction et l’accès aux universités pour les classes populaires.
Cette année, on compte 2 millions et demi d’habitants à Paris.
1900 voit un événement important en l’exposition universelle.
Elle ouvrira ses portes le 14 avril et les refermera le 12 novembre. (48 millions de visiteurs)
76 000 exposants pour 55 000 en 1889.
Jamais et nulle part, on ne réussit un spectacle aussi somptueux, merveilleux, grandiose !
Des éléments marquants… demeurent encore aujourd’hui :
Le petit Palais des Beaux-Arts (6 500 m²) où sont exposés les chefs d’œuvre d’Art Français : meubles, ivoires, bijoux, bronzes, émaux, tissus, vitraux etc….
En face, le grand Palais 35 000 m²où se trouvent les expositions centennales (comme les moyens de transport) et décennales des Beaux-Arts Français et étrangers.
Face au nouveau « Pont Alexandre III », d’une seule arche, l’esplanade des invalides avec de superbes jardins entourent le palais des manufactures.
Vous admirez le Trocadéro et ses expositions coloniales, le Palais de l’électricité, le champ de Mars avec le château d’eau et les expositions le long des berges de la Seine....
Les organisateurs réussissent à faire vivre la féerie de la vie avec le spectacle de l’électricité, la décoration et mouvements lumineux, les lumières et le son !
Le XXe siècle sera le siècle de la Physique !
Quelques photos valent mieux que des mots...
On notera quelques éléments importants en cette année 1900 :
Au Théâtre Sarah Bernhardt joue l’Aiglon ; le cinéma est diffusé sur des écrans géants et la grande roue est présente ! Cette année-là, Monsieur Rudolf Diesel expose son moteur révolutionnaire fonctionnant à l’huile d’arachide. Enfin, la ligne de métro n °1 Maillot-Vincennes ouvre en juillet.
Parlons un peu du fondateur du BHV : Xavier Ruel
Le prochain article sera destiné exclusivement à Xavier Ruel, les éloges sur sa vie politique et son décès le 31 janvier 1900.
Je reviendrai quand même, aujourd'hui, sur un moment de sa vie , dont nous n'avions jamais parlé
Rappelons-nous, en mai 1884, il bat Monsieur Guyot comme conseiller municipal pour le quartier de Notre-Dame. Mais, quand on est un homme politique, les querelles vont bon train et il y a toujours des gens prêts à vous salir !...
C’est alors que le journal ", la lanterne", en février 1886 l’accuse ...
Article : « Fumisterie Philanthropique
L'industriel-philanthrope de la rue de Rivoli, le propriétaire du Bazar de l'Hôtel-de-Ville, le fondateur du plus grand fourneau de l'univers, vient encore d'être pris en flagrant délit, de fumisterie philanthropique. Tout le monde se rappelle la réclame qui précéda l'ouverture des nouvelles galeries de cet industriel en tous genres. On devait trouver, dans les nouveaux rayons, un vaste assortiment d'objets de bijouterie, à des prix extraordinaires de bon marché. Alléchés par l'espoir d'une grosse commande, les petits fabricants du Marais vinrent, en grand nombre, offrir leurs articles!
A l'étonnement de tous, il ne fut donné que quelques maigres commissions et, encore, ne concernaient-elles que des objets de fantaisie ou de doublé. Le jour de l'ouverture du magasin-annexe, les fabricants déçus se portèrent, en foule, au grand bazar pour voir la vente des quelques articles objets achetés à l'industrie parisienne. Mais. ô surprise! Le pèlerin du bazar avait renouvelé le miracle des noces de Cana.
Au lieu et place des bijoux doublés s'étalaient quantité de montres, de pendules, de candélabres, etc. Plus fort que son maître, qui ne multipliait que des pains, le père de la cuisine industrielle avait changé du zinc en argent, du cuivre en or, des boucles d'oreilles en pendules!
Mystifiés et abattus, les fabricants du Marais s'éloignèrent et le camelot-philanthrope, du haut de sa marmite, a dû rire de leur confusion. Mais attendons la fin. Il advint, un jour, que des employés du contrôle, auxquels les miracles renouvelés du Christ n'en imposaient pas, tentèrent quelques questions touchant l'origine miraculeuse des objets exposés. Et, ils constatèrent qu'ils étaient en présence de bijoux FOURRÉS( titre inférieur au titre légal), de provenance Allemande! Ils en opérèrent la saisie et mirent également sous scellés de nombreuses caisses miraculeuses qui, venant directement d'Allemagne, attendaient, en douane, le moment de faire leur apparition….
Nous dirons aussi au propriétaire du grand bazar: La philanthropie ne consiste pas à distribuer des écuelles de soupe; car un grand, nombre de ceux qui viennent goûter à votre bouillon démocratique n'en seraient pas réduits à cette extrémité, si vous ne les aviez obligés à quitter leurs ateliers, fermés par les fabricants que vous ruinez par votre concurrencé déloyale, à l'aide de produits allemands. La philanthropie ne consiste pas, en résumé, à affamer un individu pour avoir le plaisir de le gratifier d'une soupe. Il est plus humanitaire de lui donner du travail ou de lui laisser celui qui le fait vivre que de le réduire à la mendicité pour avoir la gloire de lui faire l'aumône. »
Propos violents, diffamatoires, scandaleux!
Xavier Ruel, préfère démissionner, car pour lui un élu ne doit pas être soupçonné.
Après un procès, sa bonne foi est reconnue et « la lanterne » est condamnée à une amende et des dommages et intérêts. D’autres attaques suivront !...
Il se présente quand même en 1887 et gagnera avec un peu plus de 1000 voix sur son adversaire.
Il restera conseiller jusqu’à sa mort.
On notera au passage qu’il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur le 1er janvier 1893 pour ses œuvres philanthropiques.
A suivre...
CD