Les Grands Magasins et « Arts Décoratifs » 21/22 par JP Franssens.
1925-L'Exposition des Arts Décoratifs de Paris.
« Lorsque s'ouvrit l'Exposition, les Grands Magasins pouvaient être fiers d'eux. Ils présentèrent leurs réalisations au sein de leurs propres pavillons.
Construction de quatre superbes pavillons, Primavera, Pomone, Studium et Maîtrise sur l'esplanade des Invalides. En ce qui concerne les Magasins Réunis, son petit pavillon se trouvait dans la partie « Village français » et il était appelé « Bazar ».
Dans tous les pavillons furent réalisés des aménagements luxueux dans lesquels fut présentée une partie des réalisations des Ateliers d'Art.
L'Exposition a été inaugurée le 28 avril 1925 par le Président de la République, Gaston Doumergue.
L'Exposition avait pou but de présenter les plus belles créations de l'Art Décoratif. Montrer peu d'objets, n'en montrer que de beaux et les montrer bien ! Ne pas viser la quantité, mais la qualité et la mise en valeur ... »
Rappelez vous Paul Follot ; il a aménagé le pavillon des Galeries Lafayette et il est le créateur de l'alignement des boutiques de luxe sur le pont Alexandre III- Alignement qui comprenait notamment la boutique du créateur René Herbst, la boutique Pleyel, la boutique Lalique puis celle de la couturière Sonia Delaunay et du décorateur Francis Jourdain- boutiques qui représentaient « l'Art de la rue ».
De par leur participation à l'exposition des Arts Décoratifs de Paris, les Grands Magasins eurent l'occasion unique de se faire connaître d'une vaste partie de la population française, mais aussi étrangère. Comme annoncé au début de cet article, La Belle Jardinière, les Trois Quartiers, la Samaritaine, le BHV et d'autres magasins se voulant chics, n'apparaissent pas à l'expo. Ce qui ne les empêche pas de faire de la publicité. Affiches BHV 1925 ;
Ce qui ne voulait pas dire qu'ils étaient hors coup où hors mode. C'était peut-être tout simplement un choix.
Les Grands Magasins et « Arts Décoratifs » 20/22 par JP Franssens
La « Maîtrise » des Galeries Lafayette s'est mis à faire des produits accessibles à tous, mais pour se distinguer, Maurice Dufrêne rechercha une patine particulière.
Les artistes des Ateliers, incarnaient « les vivantes vertus de la race » (française) et ces vertus pour les dirigeants étaient « l'audace raisonnée, le goût approprié, le bon sens et l'ordre ».
Le souci majeur était de séduire une clientèle populaire tout en conservant sa clientèle huppée. Mais aux Galeries il fallait conserver une dimension de luxe.
La « Maîtrise » va créer « Rusticana » une ligne de produit avec publicité à l'appui une attaque sur la diffusion du Bon Marché.
Au « Studium » du Louvre, pas d'embrouilles, c'était un atelier d'Art de luxe qui visait « les femmes si possible riches et dépensières ». On parlait en 1926, « d'impérieux besoin de confort », d'une « intimité chez soi » et il était dit « nous possédons en France une élite de créateurs, élites d'artisans...à l'esprit toujours en mouvement et à l'affût des réalisations complètes et définitives »
Les Magasins réunis, faisaient savoir à leurs clients qu'il fallait « allier au bon goût la modicité des prix, vu le coût de la matière première, les études que nécessitent les techniques actuelles et le raffinement des esprits à contenter » et pour assurer à leurs clients un libre-accès à l'art ils n'ont pas hésité à rogner sur leurs marges.
Les Grands Magasins et « Arts Décoratifs » 19/22 par JP Franssens.
La Guerre est terminée et les ateliers refont surface.
Ce sont les Galeries Lafayette qui ouvrent en 1921 « La Maîtrise » avec un Maître du bon goût français, Maurice Dufrêne de la Société des Artistes décorateurs et de l'école des Arts-Déco,
Au sein de cette Société des Décorateurs va émerger un homme, Paul Follot qui entre autre, a travaillé pour le Palais de l’Élysée et pour le Mobilier National.
Il fut aussi professeur à l'école Boulle et à l'école des Arts Appliqués. Il a mis au point le décor du paquebot « Paris » et en 1935, fut amené à décorer le paquebot « Normandie ».
Paul Follot est à l'ouverture de l'Atelier du Bon Marché « Pomone »et est en charge de sa direction.
Et c'est en 1925 que les Grands Magasins du Louvre ouvrent l'atelier « Studium » dont l'un des créateurs Djo Bourgeois, né à Bezons et Sociétaire des Artistes français.
Les Ateliers d'Art des Magasins Réunis ont probablement été ouverts avant la guerre et c'est tout ce que nous pouvons vous en dire.
" Une fois créés, les Ateliers d'Art prirent des directions différentes mais tous avec un seul but ; rendre accessible à toutes les couches de la population française, les objets d'Art."
Au Bon Marché, on était fier de communiquer aux clients que le magasin ne faisait appel qu'à des artistes français qui ne créaient qu'en France.
« Le Bon Marché fait appel, pour la fabrication, aux meilleurs artisans, uniquement français ».
Au Printemps, le chauvinisme existait aussi avec une politique de production « Primavera », qui ne faisait travailler que des Ateliers situés en France.
Il avait son propre site de fabrication des meubles à Montreuil sous-bois.
« Primavera », c'était le retour à la tradition et il voulait réagir contre l'Art Décoratif allemand qui tentait de s'implanter en France.
Il a contribué ainsi à relever bien des ateliers d'art et les industries artistiques de nos vieilles provinces. « Primavera » a pris sa place dans l'Histoire de notre Art décoratif national.
Galeries Art Déco
Il fallait mettre à la portée du plus grand nombre, des objets, des étoffes, des meubles, des bibelots qui ne pouvaient jusque-là être acquis que par des gens aisés.
La diversité permettait de séduire aussi ces gens aisés par un aspect de nouveautés.
Le Bon Marché, « Pomone » : l'Art devait être répandu à profusion.
Il fallait industrialiser la beauté et la mettre à la portée de tous.
Pour satisfaire la clientèle aisée « Pomone » faisait illusion en notifiant « Chaque modèle est répété dans les conditions les plus avantageuses ».
Le terme équivalent pouvant être « copié »!
Les Grands Magasins et « Arts Décoratifs » 18/22 par JP Franssens.
Notre dernier article "Du Grand-Magasin Parisien à leurs œuvres sociales 17/22 par JP Franssens ", remonte au 15 octobre 2014 et nous avions souhaité faire une petite pause.
Nous achèverons cette série, par un côté méconnu :
Les Grands Magasins et les ateliers des « Arts Décoratifs »
Les années 1920-1930 sont considérées par beaucoup comme l'âge d'or des Grands Magasins.
Ce fut une période féconde d'un point de vue artistique et ils n'ont pas raté la marche!
Ils représentaient la Mode et l'Art de vivre à la française.
Ce fut la période de mise en place d'ateliers : Bon Marché, Galeries Lafayette, Louvre, Printemps et à une moindre échelle, Magasins Réunis de Nancy.
Comme vous pouvez le constater, on ne trouve ni la Samaritaine, ni le BHV, Pourquoi ?
Eh bien, je n'ai pas de réponse...alors si l'un de vous chers lecteurs, amis, collègues, avez des éléments à ce niveau ayez la gentillesse de nous renseigner afin de compléter le sujet. Merci. Personnellement, il me plairait bien que le BHV ait pu contribuer à « l'Art Déco » ou alors, était-t-il déjà axé vers le bricolage, la maison et le confort ménager, plus proche du magasin des Trois Quartiers, qui lui avait pris cet axe.
Mais revenons à nos ateliers.
Le 1er fut créé en 1913 par le Printemps. « L'Art du Printemps ; Primavera, rayon d'Art ». C'est René Guilleré, critique d'Art et président de la Société des Artistes Décorateurs, créée en 1901, qui publia un rapport en 1911, sur la nécessité de la Renaissance des industries d'Art françaises. Il était assisté par René Buthaud, peintre, créateur de cartons pour vitraux, décorateur, sculpteur, céramiste, un artiste centenaire né à Saintes en 1886 et qui débuta à Bordeaux avant les Beaux-Arts de Paris. (Je n'allais tout de même pas rater celui-là !...)
L'idée d'une exposition sur ce thème a d'ailleurs été lancée dans ces années-là avec un projet pour 1915. Avant de poursuivre, nous connaissons déjà l'impossibilité de 1915 et donc le pourquoi du report à la date de 1925.