Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°91 quelques services1966-1967
Les articles se suivent et ne se ressemblent pas ! En voici un avec peu de photos et des souvenirs à lire !
Certains services sont décrits ici par la mémoire de ceux qui y ont travaillé. Aucune photo à l'époque !
En route pour le Bureau des Nomenclature ...
Jean de Nerville fut un des concepteurs du fichier articles. Il s’inspira donc de celui des Nouvelles Galeries. La Direction lui demanda de créer et de prendre en compte ce nouveau service.
Il nous livre ses souvenirs sur le BUREAU de NOMENCLATURES ou BDN
" Nous contrôlions l’envoi des bordereaux de saisie du fichier articles en provenance des acheteurs ( Pour les créations d'articles), et au retour, nous classions les fiches signalétiques et nous portions, celles destinées aux rayons, au service courrier. Pour ces classements, j’avais commandé et distribué une centaine de classeurs non seulement aux secrétariats de rayons de Rivoli mais aussi dans tous les bureaux d’achats des magasins.
Sur instruction de la Direction, il m’avait été demandé de mettre en place le principe du réassort automatique, principe qui consistait à rééditer automatiquement un réassort dans le cas où la quantité demandée par le rayon n’avait pas été fournie par la réserve, intégralement ou partiellement.
C’était à mon avis mettre en place une machine infernale car j’avais constaté que les magasins sans connaissance de la réalité du stock, envoyaient des réassorts à l’aveugle. S’ajoutait, qu’informés d’un arrivage en réserve, certains siphonnaient la totalité du stock au détriment du petit copain qui passait derrière."
(Est-ce possible ?🤣 et oui, à l'époque, c'était de bonne guerre!)
"Malgré mes observations, j’ai reçu l’ordre de mettre la machine infernale en marche. Ce que je fis.
Après son passage en réserve, chaque réassort saisi par l’informatique pour débiter le rayon de la quantité fournie, générait un nouveau ORO pour les lignes qui n’avaient pas été fournies intégralement par les réserves.
Chaque réassorti pouvait ainsi générer des dizaines d’autres à l’image de ce pauvre Mickey dans l’Apprenti Sorcier, la musique de Paul Ducas en moins. L’informatique s’était transformée en une grande imprimerie avec un centre de tri rapidement débordé.
L’affaire dura une quinzaine de jours jusqu’à ce que j’entraine mon supérieur hiérarchique dans les couloirs de l’informatique pour constater l’encombrement de ses couloirs de cartons prêts à la distribution et bloqués depuis 2 jours sur ma demande pour faire impression (mot pris dans tout son sens). C’est mon ami Gérard de C. qui me remplaça un peu plus tard... "
Sélection d’un reportage d’Antoine Eminian où nous revivons parfaitement le travail et l’ambiance de ce bureau.
Le " Service des Stocks " dirigé par Gérard de C….. était divisé en deux entités distinctes, le Contrôle Factures et le BDN.
Revenons un instant sur le Contrôle Factures, archétype du service administratif d’une époque totalement oubliée de nos jours et qui ne connaissait pas l’informatique.
C’est quand je me remémore d’avoir connu ces temps d’avant l’informatique – comme on dirait avant JC – que je mesure combien j’ai vieilli et comme le temps est passé à une vitesse hallucinante.
Cette entité était dirigée par Mme V qui régnait sur une population d’une trentaine de jeunes femmes, chargées de vérifier la conformité des factures reçues.
Le travail était entièrement fait à la main bien entendu, les calculs effectués avec d’antiques calculatrices mécaniques en métal vert, à manivelle !
L’implantation des bureaux me rappelait mes salles de classe encore récentes dans mon esprit, Mme V, petite femme lunettée et sévère à son bureau, face à quatre rangées de bureaux regroupés par deux et les uns derrière les autres.
Juste devant elle, ses trois adjointes, femmes de sa génération, Mme H…. agitée de tics nerveux et toujours en suées, Mme M…., chignon gris, toujours souriante et agréable et une autre dame, Mireille dont l’expression favorite et gouailleuse quand elle avait un problème ardu à résoudre, était d’avoir à « démêler des queues de singes » qui ne manquait pas de faire rire toute la salle ! Comme à l’école, Mme V devait ramener le calme par des « Mesdames ! Mesdames ! », qui en général calmait les ardeurs buissonnières
Lorsque j’ai intégré, le BDN, mot mystérieux sonnant comme KGB ou SDN, signifiant tout simplement Bureau Des Nomenclatures, car figurez-vous qu’entre-temps, un service informatique venait de voir le jour au BHV.
Si l’informatique est sensée réduire les éditions de papiers, pour être franc, tout au long de ma carrière j’ai souvent entendu ce credo mais rarement vu ses applications, et des papiers, en cette période pionnière il y en avait !
Nous ne faisions que ça, trier et distribuer des tonnes de documents édités par l’informatique. La nomenclature articles, quelle affaire !
Chaque article, codifié et complété de ses attributs, libellés et prix, était édité sur une fiche de papier regroupant six articles par page, page de format paysage 30x10cm (grosso modo) perforée.
Ces documents édités en double exemplaire nous parvenaient par le courrier interne, un exemplaire devait être distribué aux rayons, un autre restait en notre possession et nous devions le ranger dans les classeurs prévus pour. Notre service archivait donc, l’ensemble de la nomenclature, des milliers de pages qui devaient être échangées à chaque création, modification, suppression d’un article par l’Acheteur, c'est-à-dire chaque jour !
Un boulot de dingue qui dans la pratique ne servait pas à grand-chose, car si chez nous certains s’appliquaient à classer méthodiquement ces fiches, d’autres s’en moquaient totalement, auxquels s’ajoutaient les erreurs bien pardonnables, ce qui aboutissait à un archivage peu fiable auquel nous n’avions jamais recours, par ailleurs.
Autres documents, les ORO ou Ordre de Réassort Orange.
Un document édité sur du papier orange, of course, dont chaque feuille avait une souche carbonée, qui servait au magasin à formuler sa demande de marchandise auprès de l’entrepôt.
Sur les feuilles, la liste des articles du rayon, on y inscrivait la quantité demandée et les exemplaires accompagnaient la camelote en transit. Là encore, des cartons pleins de papiers, que nous distribuions aux rayons, avec notre petit chariot qu’on promenait dans les couloirs du septième étage, jusqu’aux cases du courrier situées dans les bureaux des Chefs de groupe.
Après notre passage, les cases débordaient de toute part et les secrétaires montées des rayons pour ramasser leur courrier, faisaient des tronches d’enterrement devant ces charges qu’elles devaient rapatrier dans leurs locaux.
Le bruit de notre chariot dans le couloir, doit être resté dans la mémoire des témoins de l’époque. Cette tâche de tri, pénible et sans intérêt n’était qu’une partie de mon boulot, heureusement!
Mais comment se passait l'encaissement ?
Et maintenant, Georges Ehleringer, est venu nous éclairer sur l’encaissement de l’époque :
"Dans les années 60 et ceux jusqu’en 1977...
Ce sont les vendeurs/euses qui enregistraient les ventes sur une machine enregistreuse. Chaque vendeur/euse avait sa propre machine, un ticket en deux parties était édité, ce ticket était d’une couleur spécifique à son rayon.
Le client présentait ce ticket à la caissière qui validait le paiement à l’aide d’une perforeuse « les perforeuses avaient un n° à trois chiffres spécifique pour chaque caissière».
La caissière remettait la moitié du ticket au client qui le redonnait au vendeur/euse en échange de la marchandise. L’autre moitié était conservée en caisse.
Lorsque la caissière rassemblait ses éléments de la journée dans son sac de caisse, avec les espèces, se trouvaient l’enveloppe avec les chèques et les feuillets Carte Bleue qui avait été créé par une machine surnommé « le fer à repasser »
La recette de la caissière était vérifiée en caisse centrale par le rapprochement des paiements et du montant des tickets.
La recette vendeur était calculée grâce à la relève machine et le rapprochement des tickets, c’était le contrôle des ventes qui effectuait ces taches.
Le rapprochement des recettes caisse et des recettes vendeurs était fait au service comptabilité : Le bureau du Contrôle, qui se trouvait au 14 rue du Temple, dirigeait par Monsieur Q.
Le client n’avait aucun reçu, c’était le sac BHV qui justifiait le paiement.
Il arrivait que des petits malins imitent la perforation du ticket, ils se servaient d’un ticket normalement perforé et à l’aide d’une aiguille reproduisaient la perforation. Si le vendeur n’était pas attentif « cette imitation était souvent grossière », il remettait à tort, la marchandise non acquittée.
(Il faut dire que les inspecteurs "La Spéciale" étaient leur surnom, arrêtaient souvent des clients malveillants)
Les ventes flash nécessitaient une organisation spéciale : les caisses enregistreuses ne savaient pas calculer une remise,
Le contrôle des ventes installait dans le rayon concerné des rouleaux de tickets de couleur rose, ce qui indiquait aux caissières que celui-ci bénéficiait d’une remise qu’elle calculait manuellement.
Voilà le BHV d'hier !.... Merci à tous ceux qui participent à ces souvenirs!
CD