Hommage à Charles Aznavour
La presse, les médias, les politiques vous en parlent…
Il a été un compagnon de chansons de notre vie et nous l’avons aimé avec son humour et son sourire.
Je lui rendrai hommage sur ce blog en vous faisant découvrir notre poète et chanteur : Charles Aznavour vu par lui-même, à travers des extraits choisis de son livre :
« Le temps des avants », imprimé en 2003, (Édition Flammarion).
je ne saurai que trop, vous inviter à le lire.
J’ai eu plaisir à le ressortir du rayonnage de ma bibliothèque, ainsi que son livre de chansons et de musiques. Certaines chansons furent composées par d’autres auteurs, mais il en composa la musique : L’amour c’est comme un jour (texte d’Y Stéphane), la Mama (texte de Robert Gall), Camarade, For me formidable, les Comédiens et la Bohème (textes de Jacques Plante,) Que c’est triste Venise (texte Françoise Dorin)
Sa jeunesse:
« Pour ce qui est de mes débuts difficiles, j’ai été grandement servi, et pour ce qui est de m’être battu, je ne dois rien à personne. Des coups de poing en tout genre, il me reste encore quelques bleus à l’âme et au menton…
J’ai voulu chanter. On m’a dit qu’il valait mieux m’abstenir, que je n’avais aucune chance dans cette voie-ci avec cette voix-là… J’ai voulu écrire et composer des chansons : on a tout fait pour me décourager.
Pourchassés, malgré le passeport Georgien de mon père, mes parents réussirent à embarquer à Istanbul sur un bateau italien. Ils débarquèrent à Salonique où ma sœur vint au monde. On lui donna pour remercier l’Italie, le nom de Aïda, le nom d’un opéra italien…
Arrivés à Paris, la famille voulait partir aux USA, mais...la vie en décida autrement.
Nous nous installâmes dans une pièce de 20 m ²au deuxième étage d’un meublé au 36 rue Monsieur le Prince… une pièce sombre avec un coin toilette composé d’’une espèce de commode bancale sur laquelle, il y avait une cuvette et un broc ; à côté, une sorte d’alcove où se trouvait le lit de mes parents avec un rideau qu’ils tiraient à l’heure du coucher, comme au théâtre. Tu parles d’une intimité.
Mon arrière grand-mère dormait sur un divan défoncé, ma sœur, et moi tête bêche dans un petit lit en fer...la chambre était agrémentée –quel agrément- d’un poêle Godin qui faisait office de chauffage et de cuisinière.
On prenait l’eau sur le palier et les WC se trouvaient à l’étage au dessus…
(je vous passe le détail du travail des parents mais ils ouvrirent un restaurant Caucase, là où se trouve aujourd’hui le théâtre de la Huchette))
Sa vie défile dans le livre au fil des souvenirs, des rencontres, des artistes E Piaf, C Trenet.
Sa sœurette :
Aïda et moi sommes nés à seize mois d’écart, nous avons été élevés pour ainsi dire comme des jumeaux, partageant les mêmes jeux, aimant les mêmes choses….
En 1957 Aïda lui présente Georges Garvarentz, compositeur qui deviendra son époux …
Lorsqu’après avoir terminé un texte, je ne trouvais pas la musique appropriée, je la donnais à Georges. Il a composé pour moi de véritables petits bijoux tels que : Paris au mois d’août, Non je n’ai rien oublié, Et pourtant, Les plaisirs démodés, Ave Maria et tant d’autres.
(On peut ajouter : Retiens la nuit pour Johny, La plus belle pour aller danser pour Sylvie Vartan, Hier encore, Une vie d'amour pour Mireille Mathieu)
La vie :
Ne m’aurait-on pas volé vingt ans, sans que je m’en aperçoive ? Je n’ai pas vu ce temps passer,*(voir additif) j’ai l’impression d’avoir vingt ou trente ans de moins, lorsque je suis en scène.
Aîe, aïe, aïe, mes doigts qui commencent à ressembler à des ceps de vigne me rappellent à l’ordre…
La vie, c’est la vie et la mort en fait partie, faut faire avec ! … mais ma mort ne m’effraie plus. Elle est devenue quelque chose de naturel, dont je parle et plaisante fréquemment ; car, quand je jette un regard par-dessus mon épaule, évaluant le chemin parcouru, mesurant la chance que j’ai eue malgré tout dans la vie, je me dis que les miracles, ça existe et la mort, je finis par la noyer dans un sourire.
La mort:
Entre quatorze et quinze ans, l’idée seule de devoir affronter la mort un jour ou l’autre me faisait dresser les cheveux sur la tête….
...Puis vient l’âge où, lorsque l’automne arrive, on se surprend à poser un regard attendri sur les feuilles des arbres qui virent du vert au jaune en passant par le pourpre, avant de tomber et d’être balayées par le vent.
C’est l’âge où l’on commence à compter les quelques années qu’il peut nous rester à vivre. L’idée de la mort devient alors la compagne de nos jours, ou plutôt de nos nuits….
… je ne souhaite pas mourir en scène …je préfère m’éteindre si Dieu l’exige, chez moi …entouré de mes enfants, de leurs enfants.
Je ne tiens pas à être le plus célèbre du cimetière de Montfort-l’Amaury, où j’ai acquis un charmant caveau pour douze personnes. En se serrant on pourrait même y tenir à quatorze.
Non, j’ai déjà composé mon épitaphe : « Ci-gît, l’homme le plus vieux du cimetière ». Et quand je dis vieux, c’est vieux, vraiment vieux, avec des rides, des cheveux argentés, le visage décharné, mais l’esprit clair, l’humour alerte et des ongles pour m’accrocher le plus longtemps à cette putain de vie, qui jusqu’à preuve du contraire, est encore ce que je connais de mieux.
Additif :
Chanson : je n'ai pas vu le temps passer
Plus je m'enfonce dans ma vie
Plus je ne peux que constater
Qu'au vent léger de mes folies
Je n'ai pas vu le temps passer
Entre les draps de la jeunesse
Quand je dormais à poings fermés
A l'horloge de mes faiblesses
Je n'ai pas vu le temps passer
Je n’ai pas vu le temps courir
Je n’ai pas entendu sonner
Les heures de mon devenir
Quand je fonçais tête baissée
Vers ce qu'était un avenir
Et qui est déjà du passé
Aux mille questions que se pose
Mon esprit souvent perturbé
Seule une réponse s'impose
Je n'ai pas vu le temps passer
A faire le tour de moi-même
Dans un rayon très limité
Dans le miroir de mes « je t'aime »
Je n’ai pas vu le temps passer
Et d'ouverture en ouverture
Au tempo des amours pressées
J'ai dû sauter quelques mesures
Je n'ai pas vu le temps passer
Quand je rêvais les yeux ouverts
En pensant que j'avais le temps
Je n'ai pas entrepris le tiers
Des choses dont je parlais tant
Et j'ai vu s'installer l'hiver
Dans la folie de mes vingt ans
Et puis soudain la cinquantaine
Le demi-siècle consommé
À la table de mes fredaines
Au moment où les jeux sont faits
Que tous mes atouts sont jetés
Je ne peux dire qu'à regret
Je n'ai pas vu le temps passer