La Normandie rurale au XIXème siècle par Georges Guyot 2/2
La première occasion de porter un tel vêtement, c’est bien entendu, lors du baptême. De tradition, la parure : robe et bonnet est soigneusement rangée car elle servira à tous les enfants d’une même famille.
La robe était portée indifféremment par les filles et les garçons. A ce sujet, il faut préciser qu’on mettait une robe aux garçons jusqu’à l’âge de cinq ans. On pensait ainsi conjurer le mauvais sort : la mortalité infantile des garçons étant plus importante que celle des filles, on croyait qu’une robe de fille les protégerait……
La seconde, c’est la communion. Là encore, les croyances et les traditions sont bien présentes. Ne disait-on pas que les tenues de communion marquaient la fin de l’éducation des enfants (c’est vrai qu’ils partaient travailler très tôt) préfigurant les tenues de mariage .
La robe de mousseline blanche pour les jeunes filles et le costume trois pièces pour les garçons.
C’est encore le mariage avec plus ou moins de tissus précieux et de dentelles selon la richesse et la classe sociale des parents, avec omni présentes, les fleurs d’oranger naturelles ou artificielles, symboles par excellence de la virginité et de fécondité ; lesquelles étaient mises ensuite sous globe. La symbolique véhiculée est fonction des divers objets, motifs qui y trouvent place.
Le miroir, c’est le reflet de l’âme, la vérité et selon le nombre et la forme est significatif. Pour exemple : le nombre de miroirs rectangulaires indique les années qui ont séparé les fiançailles des noces- le triangulaire est porteur de fécondité- Les miroirs ovales sont des porte- bonheur offerts par les demoiselles d’honneur- Les losanges symbolisent l’union des deux sexes – Le miroir trapèze symbolise l’entente parfaite.
Pour les motifs en métal doré : La feuille de chêne symbolise la longévité du couple, la feuille de tilleul, la fidélité, la feuille de lierre, l’attachement « je m’attache ou je meurs » la grappe de raisin, l’abondance et la prospérité – La colombe qui tient une couronne de laurier dans son bec , la paix dans le foyer- Le couple de martin –pêcheur, la fidélité conjugale- L’oiseau était comparé à la femme « comme l’oiseau fait son nid la femme fonde la famille »
Enfin, quand une femme accouchait d’un enfant mort –né, elle ajoutait un ange en porcelaine dans son globe.
Le deuil
Beaucoup de femmes portaient des habits noirs, qui les faisaient paraître « vieilles « même si ce n’était pas le cas. Il faut dire que les règles du deuil étaient strictes : voile de crêpe, vêtements sans aucun élément de couleur pendant la période de grand deuil, plus ou moins longue suivant le degré de parenté, et pouvant aller jusqu’à un an. Le deuil de la veuve dit « de grand deuil » dure un an et six semaines. Les hommes portaient un crêpe.
Pour les hommes, la pièce la plus répandue était la blouse ou blaude vêtement plus ou moins court, mais ample, en toile de lin bleue, tissée très serrée, et traitée de manière à être imperméabilisée.
Le nettoyage se faisait dans une décoction de lierre ou dans une dilution de fiel de bœuf qui avait la réputation d’entretenir l’apprêt.
La blaude bleue sera remplacée par la noire, sans motifs, broderies qui deviendra la tenue de maquignons, reconnaissables sur les marchés. Le mouchoir de cou, souvent de couleur rouge complétait la mise, de même que la casquette à pont soie.
Pour les dames certains accessoires sont à mentionner qui ne les quittaient guère dans leurs déplacements, à savoir : le parapluie noir qui, à l’occasion faisait office d’ombrelle. Les crosses et pommeaux pouvaient être des plus simples aux plus ouvragés et travaillés dans des matières plus ou moins onéreux comme l’argent, l’ivoire par exemple.
Et le panier noir en rotin appelé : « le rustique « qui fit son apparition sous Napoléon III. Il s’est avéré si pratique, qu’il a été utilisé bien longtemps Il en existait de différentes tailles les activités liées à l’habillement parmi celles –ci
La lingère à la fois blanchisseuse et repasseuse qui entretenaient les belles pièces de linge qui étaient souvent amidonnées.
Elles utilisaient de nombreux fers à braise ou à tuyauter, pour les coiffes, cols, volants, bonnets mais encore des fers à plats pour les chemises des hommes, les plastrons, et les cols qui étaient glacés.
La modiste qui fabriquait et vendait des coiffures féminines et le chapelier plutôt des masculines en feutre, paille ou tissu, hauts de forme et chapeau claque
Le sabotier : Il fabriquait les sabots portés à la campagne car le bois était omniprésent et pas onéreux. Leur solidité et rigidité s’imposaient pour certain travaux de la terre (la semelle permet d’enfoncer la bêche par exemple) et l’hiver c’était chaud.
Par contre, les sabots avaient pour désagréments d’être lourds, de se fendre facilement et de provoquer des blessures sur le coup de pied.
Le Cordonnier
Il réparait les galoches usées et fabriquait des chaussures sur mesure. Les galoches présentaient un avantage sur les sabots car elles étaient à la fois en bois et en cuir : elles étaient donc plus souples plus légères, ne blessaient pas le coup de pied et étaient plus élégantes. De ce fait, on les chaussait pour la maison et la ville.
La poterie constituait l’essentiel des objets de la vie quotidienne dans nos campagnes alors très peuplées. Sa fabrication avec la matière première locale, la terre argileuse, en faisait un accessoire accessible ;
Les fors de cuisson des potiers étant alimentés par le bois trouvé lui aussi à proximité.
Elle servait à la préparation et à la conservation des aliments et des boisons tout comme à leur transport.
Les objets spécifiques aux boissons étaient les bouteilles, les cruches et les cruchons, les pichets et buires, les dames jeanne, les fontaines, les brocs, les réservoirs les pots ansés et les moques.
L’élément indispensable était le charnier, il servait au stockage de morceau de viande de porc qui séjournaient dans la saumure (mélange de sel et d’eau) c’était le principal moyen de conservation avec la graisse.
Le saloir, autre contenant de conservation est lui en bois et le sel recouvre directement les aliments.
Le mahon par contre est un saloir plus ou moins grand, utilisé pour le transport du beurre.
Au nombre des poteries utilisées on peut encore citer les vinaigriers, les pots à café de plusieurs tailles selon les besoins, ou bien de la famille ou bien de la clientèle.
Pour les aliments, on se servait de terrines et pots, de toutes sortes de plats, d’écuelles de tripières (surtout faits à Malicorne)
Les cruchons à calvados spécialité de Noron.
La poterie de Ger de couleur grise ou rougeâtre en surface mais noire en épaisseur était très présente en Sud-Manche, car la plus proche.
Les villages potiers de Ger ont cessé leur activité en 1926. On y trouve maintenant un musée établi au cœur de ces villages :mémoire de ce temps où l’artisanat était florissant.
Les principaux autres centres potiers de la Manche étaient : Vindefontain – Néhou – Sauxemesnil (partie nord du département.)
Le calvados comme le cidre étaient présents sur la table au quotidien.
Les étains
L’âge d’or se situe au 17 ème siècle ils servaient de mesures aux liquides et jusqu’au début du 20 ème siècle.
Ils étaient utilisés dans les estaminets pour le cidre et le vin ou le calvados.
Une série d’étain se composait : du double litre, du litre, du pot, du petit pot, de la demoiselle et du misérable. Moins utilisé que les poteries on trouvait malgré tout, des pichets, des écuelles mais aussi d’autres objets, en cuivre par exemple étamés à l’intérieur, l’étain résistant à la corrosion.
REHABILITATION
Nostalgie,Nostalgie,
Certains objets de l’ancien temps s’empilent dans un coin du grenier. Ils sont moches, rouillés et ne servent plus à rien. Il faudrait les jeter mais ………on ne peut s’y résoudre une solution : la réhabilitation pour une nouvelle vie.
Encore bravo à Georges pour ce reportage très précis et très illustré. Merci.