L’eau coule sous le pont de SAINTES 3 par Jean-Pierre Franssens
Nous quittons le secteur de Saint Eutrope par la porte Miegeville et ce pour rejoindre le centre de la ville. Rappelons-nous, que ce centre de 18 hectares a été ceinturé de remparts.
Il y a plusieurs lunes, il nous aurait fallu emprunter la porte nommée « Evêque » pour emprunter la voie, nommée ce jour, Saint Maur qui nous conduisait sur les quais de la Charente, place Blair. (Du nom d’un intendant du XVIIIème.)
Au 17 Rue Saint Maur, que nous découvrons sur les photos, se tenait le siège de la Juridiction Consulaire depuis 1763.
Ci-contre : l’Hôtel construit par François Mossion de la Gontrie en 1731 côté quai de la Charente.
Ce corps consulaire tenait audience à l' échevinage, que nous découvrirons très vite, jusqu’au second Empire. Ce sont eux qui en 1775 ont fait édifier le portail et la façade aux 6 pilastres ioniques.
A noter que c’est en cette rue que de nombreux membres de la cour audience, conseillers, substituts, greffiers, lieutenants avaient élus domiciles au XVIIème siècle.
Place Blair, 1791, un 1er juillet, la société des amis de la constitution œuvra à l’édification d’une pyramide nationale.
Celle-ci fut édifiée avec des frises, des chapiteaux tambours et colonnes d’ordre dorique, vestiges Gallo-romains. Une bouteille contenant la déclaration des Droits de l’homme fut enfouie en fondation.
Inauguration le 14 juillet 1791.
Sur la photo nous pouvons distinguer la flèche de Saint Eutrope.
L’hôtel Monconseil- du nom de Monsieur le Marquis Etienne Guinot de...- de l’aristocratie de Saintonge, fit bâtir en 1738 un somptueux hôtel, (photo6) sur les bords de la Charente.
En vue depuis la démolition des remparts.
Avant d’être un musée en 1992, nommé Dupuy-Mestreau, en collection d’Art régional,
Cet Hôtel abrita en 1810, le siège de la préfecture de la Charente Inférieure (future Maritime)
Suivons les quais rive gauche et nous atteignons les abords de la cathédrale Saint Pierre, trônant en ce centre-ville que nous allons parcourir.
Un nommé Pallais, premier évêque avait impulsé une première église au VI ème siècle. Au XIème un incendie va ravager et ruiner cet ouvrage. Reconstruite courant XIIème au terme de la guerre de cent ans, par des évêques de la famille Rochechouart.
Le clocher -Porche date de cette époque mais sa flèche prévue à 100 mètres n’a jamais été possible et ce, dû aux guerres de religion. Approchons…
Nous longeons le marché couvert récent et arrivons sur la place Saint Pierre sur les arrières et les flancs de l’église.
Cette place est aujourd’hui un parking et deux fois la semaine un marché jouxtant le bâtiment récent construit entre la cathédrale et la Charente (dommage !)
Auparavant comme vu sur la photo 11 il y avait arbres et maisons.
Et…..comme par hazard….la maison visible au premier plan était celle d’un nommé Joseph Guillotin, Docteur, né le 28 mai 1738 à Saintes. Il était professeur d’anatomie et député de Paris aux Etats Généraux.
Concernant la machine qui porte son nom, son projet de Loi était très clair ;
« Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort, le supplice sera le même...le criminel sera décapité...par l’effet d’une simple mécanique ».
La machine va se nommer au départ Louison, mais, malgré ses vives protestations son nom lui sera attribué.
Docteur Guillotin s’est éteint à Paris en 1814 et sa maison fut démolie en 1962.
Pour la petite histoire (triste), la dernière femme guillotinée suite à un meurtre sur enfant, en France le fut à Saintes en 1943.
La Cathédrale Saint Pierre, entrons en ce lieu….
Aujourd’hui sur un bâtiment gallo-romain s’élève une cathédrale gothique flamboyante de 100 mètres de long dont le chevet repose sur des pieux de chêne.
Elle porte le titre de basilique mineure ce qui en fait la seconde basilique Saint Pierre du monde, après celle de Rome.
Comme cité précédemment la flèche de 100 m projetée a été remplacée par un dôme métallique à environ 65 mètres de haut.
Le portail, restauré au printemps 2002, est un ensemble de sculpture flamboyante. Les quatre voussures sont ornées de quarante-quatre statues qui représentent huit anges musiciens à l’intérieur, des saints et des prophètes de l’Ancien Testament sur la voussure extérieure.
Les quatorze niches vides le sont depuis les destructions des guerres de religion du XVIème Siècle,
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Le chœur date du XVIIème et il est aussi grand que la nef. Le maître-autel est recouvert de marqueterie de marbres polychromes.
Le Cymborium porté par quatre colonnes de marbre a été amené de l’Abbaye aux Dames -dont nous parlerons prochainement- et offert par Napoléon.
Le déambulatoire permettra la découverte de la chapelle du XVIème, Notre Dame des victoires, puis 3 chapelles de style gothique renaissance, elles aussi du XVIème siècle.
Au retour vers le porche, d’autres chapelles, la chapelle des fonds baptismaux (fermés d’une grille) et en fond un tableau du baptême du christ par une artiste de Saintes du XIXème siècle.
Et pour terminer, les deux bénitiers, coquilles d’huîtres géantes apportées du pacifique par l’Amiral Léopold Pallu de la barrière et offertes a la cathédrale en 1858.
Les orgues situées au-dessus du portail ouest, furent commandées au XVIIème siècle à Jean Oury de Poitiers. Il est, entre autre, orné de bouquets, d’un ange a la trompette et en haut, du roi David avec sa harpe.
Nous remarquerons, en fin de visite, une grande statue de St Pierre, réplique de la statue à Rome. Cette statue en plâtre peint, est au centre des listes de tous les évêques de Saintes, parmi lesquels on ne compte pas moins de onze saints. Cette liste est close car le siège de l’évêché a été transféré à le Rochelle en 1801.
Le cloître, accolé au mur sud de la cathédrale, est longé par une galerie couverte de style ogival. A noter : un édicule de style Renaissance à l’angle Nord-Est de la galerie.
En levant les yeux vers le toit de la cathédrale nous pouvons voir les arcs-boutants du XVème siècle témoignant de la hauteur qu’atteignait la nef, (non rebâtie), avant sa destruction.
Face à la sortie du cloître, entre les deux grilles ouvertes, la sous-préfecture bâtie sur la place du synode en 1846.
Tout à côté l’hôtel de ville, inauguré en 1874 suite à la reconstruction après l’incendie en 1871 de l’ancien doyenné au chapitre épiscopal où depuis 1830, siégeait le pouvoir municipal transféré de l’échevinage.
Nous retrouvons la face nord de la sous-préfecture donnant sur une parcelle arborée qui comporte elle aussi une Histoire.
Tout d’abord, suivant les photos, le logement du gouverneur dominant la ville. Érigé en 1600-1610, il abrita l’administration de l’hôpital St Louis et est aujourd’hui « disponible » aux projets….à suivre.
Sur ces hauts de Saintes en place des châteaux et citadelles successives dont il ne reste que quelques longueurs de remparts, s’est construit dernièrement l’agrandissement de l’Epahd.
Sur cette hauteur, hors remparts, un nommé Bernard Palissy « chef » du mouvement y fonda en 1544 la première petite église protestante avec quelques fidèles. Saint Barthélémy, temples rasés, persécutions et il a fallu attendre 1898 pour que décision soit prise, sur l’élévation d’un Temple en lieu et place des premières constructions.
Le Temple érigé en 1905-1906 possède une façade qualifiée romano-byzantine avec des motifs rappelant l’Art nouveau et l’Art déco.
Le Temple sur le cours du nom de Reverseaux* se trouve dans la prolongation du bâtiment de la Banque de France.
*Jacques Guéau de Reverseaux dernier intendant ordonné en 1781 à qui l’on doit l’esquisse de la ville moderne. Il a été guillotiné à Paris en 1794.
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Nous voici revenus sur le square au fond duquel nous voyons un portail. Il s’agit du portail de l’ancienne chapelle des jésuites attenante au collège créé en 1610 et confié aux jésuites. En 1782 une chapelle bénédictine remplace celle des jésuites. Tout cela détruit dans les années 60 pour création d’un lycée.
Sur les photos jointes vous pourrez voir le fronton aux pilastres ioniques en harmonie avec la chapelle qui lui fait face en façade XVIIIème, aujourd’hui transformée en salle municipale.
Nous allons quitter cette place et rejoindre la rue piétonnière principale, nommée Alsace-Lorraine sur laquelle nous découvrons enfin « l’échevinage » tant de fois cité précédemment.
Sa partie la plus ancienne est du XVème, mais la façade est de 1761. La serrurerie est du XVIIIème. La tour, le beffroi élevé en 1552, à moitié détruit par un boulet au siège de 1570 et restauré plusieurs fois. Le beffroi symbolisait la puissance municipale face au pouvoir de l’église.
Aujourd’hui, en sa cour pavée nous pouvons nous détendre en consommant sous les parasols et visiter l’un des musées des Beaux-Arts.
Quoi de mieux pour clore cette partie 3. Terminons cet épisode par des photos de cet ensemble et je vous en promets encore de nombreuses anecdotes.
Bientôt nous traverserons la Charente par le pont Palissy.
Mais qui était donc ce Palissy ??? A bientôt… si vous le voulez bien...