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Le blog du Réseau Bazar BHV

Mémoires du BHV par Antoine Eminian : le BDN

8 Janvier 2012 , Rédigé par Les federateurs du reseau Bazar Publié dans #BHV d'hier

C’est avec beaucoup de plaisir que je vous diffuse ce récit détaillé, effort de mémoire extraordinaire d’Antoine, reflétant avec beaucoup d’exactitude et d’humour, nos premiers documents informatiques du BHV.

La suite plus Historique des articles BHV continuera dans quelques jours ...

 Un jour le SAS fut démantelé, réorganisation de l’approvisionnement, désormais l’Acheteur s’occupait du magasin phare de Rivoli et des magasins périphériques. Ayant un profile administratif, j’atterris au Service des Stocks dirigé par Gérard de C….. Le service était divisé en deux entités distinctes, le Contrôle Factures et le BDN.


   rue Lobau 3

Vue du 7éme étage sur la rue Lobau

Revenons un instant sur le Contrôle Factures, archétype du service administratif d’une époque totalement oubliée de nos jours et qui ne connaissait pas l’informatique.

C’est quand je me remémore d’avoir connu ces temps d’avant l’informatique – comme on dirait avant JC – que je mesure combien j’ai vieilli et comme le temps est passé à une vitesse hallucinante.

Cette entité était dirigée par Mme Viémont qui régnait sur une population d’une trentaine de jeunes femmes, chargées de vérifier la conformité des factures reçues. Le travail était entièrement fait à la main bien entendu, les calculs effectués avec d’antiques calculatrices mécaniques en métal vert, à manivelle ! L’implantation des bureaux me rappelait mes salles de classe encore récentes dans mon esprit, Mme Viémont, petite femme lunettée et sévère à son bureau, face à quatre rangées de bureaux regroupés par deux et les uns derrière les autres. Juste devant elle, ses trois adjointes, femmes de sa génération, Mme H…. agitée de tics nerveux et toujours en suées, Mme M…., chignon gris, toujours souriante et agréable et une autre dame, Mireille dont l’expression favorite et gouailleuse quand elle avait un problème ardu à résoudre, était d’avoir à « démêler des queues de singes » qui ne manquait pas de faire rire toute la salle ! Comme à l’école, Mme Viémont devait ramener le calme par des « Mesdames ! Mesdames ! » qui en général calmait les ardeurs buissonnières des travailleuses.

Autre personnage pittoresque de cette assemblée, Marcelle, fumant comme un sapeur à l’extérieur et toussant comme une chaudière qui va lâcher, à l’intérieur. Toussant et râlant, ses deux activités principales.

rue Lobau 6

Vue du 7éme étage sur la rue Lobau

Si je connais bien ce service, c’est qu’en intégrant le Service des Stocks au début, j’étais logé à un bureau indépendant du Contrôle Factures, mais placé au fond de la pièce pour des raisons de place, avec un ou deux collègues dont Mr A…., une grosse voix de baryton mais gentil comme tout qui n’avait qu’un défaut, quand il se mouchait, bruyamment et avec tant d’application pour que tout reste bien au fond de son énorme tire-jus en tissu, la pièce entière retenait son souffle pour ne pas éclater de rire, ce qui contrariait fortement, comme vous le devinez, Mme Viémont. 

 Puis, j’intégrais définitivement le BDN, mot mystérieux sonnant comme KGB ou SDN, signifiant tout simplement Bureau Des Nomenclatures, car figurez-vous qu’entre-temps, un service informatique venait de voir le jour au BHV. Si l’informatique est sensée réduire les éditions de papiers, pour être franc, tout au long de ma carrière j’ai souvent entendu ce credo mais rarement vu ses applications, et des papiers, en cette période pionnière il y en avait !

 Nous ne faisions que ça, trier et distribuer des tonnes de documents édités par l’informatique. La nomenclature articles, quelle affaire !

 Chaque article, codifié et complété de ses attributs, libellés et prix, était édité sur une fiche de papier regroupant six articles par page, page de format paysage 30x10cm (grosso modo) perforée.

Ces documents édités en double exemplaire nous parvenaient par le courrier interne, un exemplaire devait être distribué aux rayons, un autre restait en notre possession et nous devions le ranger dans les classeurs prévus pour. Notre service archivait donc, l’ensemble de la nomenclature, des milliers de pages qui devaient être échangées à chaque création, modification, suppression d’un article par l’Acheteur, c'est-à-dire chaque jour ! Un boulot de dingue qui dans la pratique ne servait pas à grand-chose, car si chez nous certains s’appliquaient à classer méthodiquement ces fiches, d’autres s’en moquaient totalement, auxquels s’ajoutaient les erreurs bien pardonnables, ce qui aboutissait à un archivage peu fiable auquel nous n’avions jamais recours, par ailleurs.

Autres documents, les ORO ou Ordre de Réassort Orange.

Un document édité sur du papier orange, of course, dont chaque feuille avait une souche carbonée, qui servait au magasin à formuler sa demande de marchandise auprès de l’entrepôt.

Sur les feuilles, la liste des articles du rayon, on y inscrivait la quantité demandée et les exemplaires accompagnaient la camelote en transit. Là encore, des cartons pleins de papiers, que nous distribuions aux rayons, avec notre petit chariot qu’on promenait dans les couloirs du septième étage, jusqu’aux cases du courrier situées dans les bureaux des Chefs de groupe.

 Après notre passage, les cases débordaient de toute part et les secrétaires montées des rayons pour ramasser leur courrier, faisaient des tronches d’enterrement devant ces charges qu’elles devaient rapatrier dans leurs locaux.

 Le bruit de notre chariot dans le couloir, doit être resté dans la mémoire des témoins de l’époque. Cette tâche de tri, pénible et sans intérêt n’était qu’une partie de mon boulot, heureusement!   

 Merci Antoine pour cet article ! On revit parfaitement  l’ambiance de ce bureau. Bravo !

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J
Merci, Antoine, pour cette savoureuse description du B.D.N. et du service des Stocks/Calcul des prix, services dans lesquels je crois me retrouver pour les avoir dirigés avec madame Viémont pendant<br /> de longues années avant de les transmettre à mon collègue et néanmoins ami Gérard de C.<br /> <br /> Je pourrais mettre un nom et un visage sur les personnages que vous décrivez avec tant d'humour. Je profite de cette occasion pour rendre hommage à la compétence et au travail de madame Viémont qui<br /> m'a initié au fonctionnement de ce service quand j'en ai pris la responsabilité en 1966.<br /> <br /> Je peux confirmer la vision kafkaîenne du B.D.N.l'ayant porté sur les fonds baptismaux avant de refiler le mistigri à Gérard de C.<br /> <br /> Jean de Neville
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F
Et le 1er inventaire avec les fiches perforées un vrai folklore,nous étions tous paniqués.Merci pour ce rappel.
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J
Quels souvenirs!Bravo pour ce récit qui retransmet parfaitement et avec humour ce service que j'ai bien connu (à l'époque j'étais secrétaire de rayon avec un merveilleux acheteur Monsieur Rat )
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B
Je suis surpris par l'impressionnante mémoire d'Antoine.<br /> Les descriptif et ressenti sont savoureux et agrémentés d'humour, bien sûr, un peu revus avec le recul du temps.<br /> J'espère, Antoine, que tu as encore quelques articles de cette tenue en réserve car c'est un plaisir de te lire...<br /> Ah, Mme V... du BDN!<br /> Cordialement.
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