Réflexions sur 1914-1918 : La Grande Guerre par Alain Degranges
En ce début d’année tous les membres inscrits au réseau ont reçu le bulletin à leur adresse personnelle. Je reprends donc la tenue de ce blog.
Je remercie notre ami Alain Dégranges, qui pour commencer cette année à accepter à de nous parler en cette année 2014 de la commémoration de la grande guerre.
Cet article est extra, clair, non « pompé » sur internet et le style est sans faille.
Lorsque que l’on évoque la guerre de 1914-1918, et nous allons beaucoup en entendre parler pendant ces 4 prochaines années, chacun voit dans sa tête les clichés incontournables des grands combats de la guerre.
On imagine les soldats partant la fleur au fusil pour quelques mois et cela correspond à une certaine réalité, mais cet enthousiasme de façade était le résultat d’un travail de 40 ans auprès des enfants qui dans les écoles, les collèges et les lycées recevaient une éducation patriotique que l’on a du mal à imaginer en 2014.
Il faut lire les cahiers d’écoliers de la fin du 19ème siècle et des premières années du 20ème pour constater que ceux-ci savaient pertinemment que nous avions perdu l’Alsace et la Lorraine en 1870 et que la France était amputée de ses provinces de l’est dont de nombreux réfugiés s'étaient installés en région parisienne et un peu partout sur le territoire national, voir en Algérie ,pour fuir l’autorité allemande qui avait annexé leurs provinces.
C’est donc avec l’esprit de revanche que nos soldats partaient au front. Ils ne savaient pas ce qui allait les attendre et chacun pensait être de retour dans quelques mois.
Les batailles de la Somme, de Champagne, de Verdun sont celles dont on parle le plus souvent et elles ont atteint des sommets dans l’horreur en faisaient vivre les hommes comme des rats sous la terre.
Il s’agit toujours de combats où les troupes à pieds s’affrontaient au prix de pertes considérables.
Il est plus ou moins connu que cette guerre fut la guerre des nouveautés ; L’aviation militaire née en 1909 y faisait ses premières armes. Les pilotes recrutés dans toutes les unités se connaissaient souvent et connaissaient aussi leurs adversaires avec lesquels faisaient un peu partout avant-guerre des exhibitions. Les premiers combats aériens étaient encore très chevaleresques, les pilotes se saluaient avant de s’affronter au fusil où au pistolet en des vols tournoyant. L’avion servait surtout à l’observation mais bientôt ils furent équipés de mitrailleuses servies par un mitrailleur qui tirait sur l’arrière, les côtés et le dessus de l’appareil. Il a fallu que soit inventé le tir synchronisé au travers de l’hélice pour que le tir de face soit possible actionné par le pilote.
L’infanterie s'est vue appuyée par les chars utilisés également pour la première fois en 1917 par les alliés et à la fin de la guerre par les allemands.
Parmi les autres nouveautés, on ne peut pas ignorer les sous-marins qui furent à l’origine du naufrage de nombreux bâtiments dont des paquebots français et anglais, le plus connu étant le « Lusitania » parce qu’il a provoqué l’entrée en guerre des Etats-Unis qui est intervenue au moment où les russes se retiraient de la guerre pour faire leur révolution.
Il est bien connu que c’est pendant cette guerre que furent utilisés pour la première fois les gaz par les allemands et chacun sait combien ils étaient dangereux au point d’être après guerre interdits par la convention de Genève.
Bien moins connues sont les prouesses des marins qui dès 1914 sont engagés sur lYser en Belgique où les fusillés marins aidés des troupes belges arrêtèrent les armées allemandes. Qui se souvient des combats de « Dixmude » où nos pompons rouges se couvrirent de gloire.
Les plus renseignés d’entre nous savent que la flotte allemande, très puissante, avec des bâtiments restés célèbres comme le « Bismark » a été neutralisée et a dû rester bloquée dans ses ports grâce à l’action des marines anglaises et françaises qui poursuivaient et coulaient les navires allemands dès qu’ils sortaient en mer, ce qui a obligé les allemands à livrer une guerre sous-marines intense proche d’un travail de corsaire.
C’est pour cela que la marine de surface ennemie, peu engagée pendant la guerre, s’est sabordée après la capitulation plutôt que de se livrer presqu’intacte à l’Angleterre. Il en fut de même pour les sous-marins.
Certains ont entendu parler de combats d’Orient, mais la plus grande partie de ces combats livrés dans le détroit des Dardanelles reposait sur l’efficacité de la marine principalement française qui transportait les troupes en Orient et dont les fusillés marins se battaient contre les turcs alliés des allemands, pour garder ouvert le passage dans le détroit.
Qui a conscience que la vie des soldats au front ne consiste pas à se battre en permanence, mais que le temps passé à attendre est très long et que le soldat à besoin de se distraire. Le courrier à un rôle très important pour le moral et plus la guerre dure, plus ce rôle est capital. On ne peut pas passer son temps à écrire ou à attendre le vaguemestre , alors le soldat « bricole » et les plus artistes se mettent à fabriquer d’objets avec du métal, du bois ou tout ce qui lui tombe sous la main ou qu’il récupère sur le champ de bataille. C’est ce qui explique le grand nombre d’objets dits de tranchée que les poilus rapportaient du front pour leur famille, leurs amis ou leur fiancée.
Ces objets souvenirs de guerre ont suscité un tel engouement qu’après la guerre il en a été fabriqué un grand nombre industriellement pour que toutes les familles des soldats en aient. Qui a le souvenir d’avoir vu chez ses parents ou grands-parents, ces douilles ciselées et sculptées qui servaient de vase et tous les petits objets de cuivre ou d’aluminium faits avec des fusées ou des amorces d’obus. Tous n’ont pas été faits au front mais qui s’en souvient ?
Pour avoir réalisé plusieurs expositions importantes à Étampe ces dernières années sur de nombreux aspects de la grande Guerre, je suis convaincu que ce l’on appelle « le Devoir de mémoire »a de bonnes raisons d’être, ne serait-ce que pour rappeler à tous et surtout au jeunes combien la guerre est une affaire grave et complexe qui entraine des misères et des souffrances dont nos monuments aux morts sont les témoins, que personne n’est épargné et que ce n’est pas le modernisme de moyens d’aujourd’hui y changera grand-chose.
Excusez –moi si je me suis laissé entrainer un court instant à philosopher...
Merci Alain, à un moment où l'actualité nous rappelle chaque jour le devoir de mémoire, nos membres apprécieront certainement. A bientôt pour d'autres sujets...
* Source : Photos ministère de la guerre et livre les grands événements du 20e siècle de Sélection.