Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°29 La France de 1914 à 1917
1915
Création du diable : Charrette à bras qui envahira les marchés et les Halles de Baltard
Par la Loi Dalbiez 350 000 militaires mobilisés ou (mobilisables) reviennent du front pour faire face au manque d’employés qualifiés et répondre à la fabrication en armes et munitions. 150 000 autres hommes se rendront dans les mines et l'industrie métallurgique.
L’état lance un emprunt à court terme de défense nationale sous forme de bons du trésor.
Ces affiches furent placardées sur les façades des édifices publics dans les villes et les villages.
Regardez ce magnifique coq qui sort de la pièce d’or et qui se lance, bec en avant sur le soldat allemand, baïonnette à la main.
Les deux messages de cette affiche sont un appel au civisme
et au patriotisme.
Pour ces braves hommes les permissions sont très rares.
En août 1915 un soldat pouvait compter sur 6 jours de permission avec un roulement de 5 % des effectifs!
Avec les difficultés de transport pour rejoindre leur famille, le moral était au plus bas!
Les zeppelins, ballons dirigeables allemands transportant des bombes, bombardent 3 villes d’Angleterre, puis en mars les gares du Nord et St Lazare à Paris. Londres sera bombardé le 31 mai.
En avril, les allemands utilisent un gaz toxique à base de chlore, des milliers de soldats sont asphyxiés. Puis on passera au stade des armes chimiques…
Au printemps, nos soldats « les poilus » changent d’uniformes, la couleur est moins voyante (bleu-gris), le képi sera remplacé par un casque en métal et ils reçoivent des maques à gaz.
Le 26 avril, l’Italie change de camp, elle quitte la Triple Alliance pour rejoindre la Triple –Entente
En septembre les français avancent mais n’arrivent pas à percer la ligne de Front : 27 000 morts, 98 000 blessés et de nombreux prisonniers.
1916 :
C’est la première année au passage à l’heure d’été
BHV :
Du 7 août 1915 au 28 octobre 1916, la façade est réalignée au RDC et à l’entresol et travaux divers. Surélévation du Hall central de l’angle Archives-Rivoli. Elle consiste en une reconstruction de 2 étages. Les ventes continuent...
Social :
Un appel est fait aux femmes afin de remplacer les hommes dans certains travaux. Les femmes se font embaucher dans les sociétés d’armement « les Munitionnettes ». On les retrouve aussi en usine métallurgique, automobile, employées de banque, conductrices de tramway, factrices…
André Citroën qui a construit en 1915 une usine d’obus quai de Javel, fabrique plus de 20 000 obus par jour pour l’armée et ses alliés ;
La guerre se poursuit, des combats très violents éclatent.
L’enfer de Verdun : Le 21 février, 1 million d’obus sont tirés sur Verdun, les allemands avancent et prennent le fort de Douaumont. Le 25 février le maréchal Pétain est nommé aux commandes des forces armées.C’est une guerre terrible où les combats violents se succèdent. Imaginez : 50 millions d’obus sont lancés en 10 mois… Que de morts, blessés, brûlés au lance-flammes.
Les français reprennent le fort fin octobre.
A la mi-décembre, nous avons repoussé l’ennemi, la victoire est là !
Pour la première fois en septembre 18 tanks britanniques ont surpris les allemands.
Renault fabriquera son premier char de combat, le F 17, 6 mois plus tard.
1917
Le BHV
Henry Viguier fils de Georges Viguier a épousé en 1906 Marie-Claire Renée Normant, issue d’une riche famille de drapiers de Romorantin qui fournissait le tissu pour les uniformes de l’armée
Cette année 1917, ils décident d’acheter le château de Bouges dans l’Indre. Il sera décoré sur les conseils de l’épouse du coûturier Jacques Doucet.
Henry viguier se partage entre son appartement de l’avenue Foch, son château de Bouges, son manoir à Houlgate et sa villa à Grasse.
Il sera élu maire de Bouges en 1919.
Photo extraordinaire où le BHV porte les drapeaux Français et expose sur sa rotonde le slogan: L'union fait la force.
Les affaires sont difficiles, mais le Grand Bazar de l'Hôtel de Ville s'est mis à la vente d'objets militaires.
Le catalogue se permet des fantaisies, on peut lire.. sur un chapeau : en avant ! ou Pétain !
A Paris, il fait très froid, la Seine est gelée, et il est difficile de se chauffer car le charbon est rare.
On peut lire dans la presse que la période fut glaciale du 20 janvier au 15 février. A Paris la Seine charriait des glaçons... -15° à Paris, -18° à Lyon.
On y trouve aussi une note d'humour!
On ne perd pas le moral... sur le front !
En janvier, des grèves courtes éclatent à Paris, chez les petites mains de la couture puis les transports, ainsi que des usines travaillant dans l’armement. Le motif du mécontentement est la vie chère et l’augmentation des salaires. (la rareté des produits frais ont fait flamber les prix.)
Tandis que la production d’automobiles se réduit chez Renault, l’usine se diversifie dans la fabrication de camions, de moteurs d’avion, des obus, des canons, les chars à chenille et enfin des vrais tanks !
En juin, des volontaires américains viennent aider l'armée, ils sont formés et participent aux combats.
En avril, une grande attaque est lancée « au Chemin des Dames » à Craonne, entre Soissons et Reims. Les soldats tombent, morts ou blessés. 30 000 militaires sont las, un mouvement de contestation naît, ils ne supportent plus les morts inutiles, ils se révoltent, il y a des mutineries et 48 hommes seront passés par les armes.
De là, on entend la Chanson de Craonne qui fut interdite par l’Armée. (En fin d’article)
L’armée allemande utilise le gaz moutarde, le 12 juillet à Ypres en Belgique.
Le 16 novembre Georges Clémenceau devient président du Conseil et Ministre de la Guerre
La chanson de Craonne interdite :
Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.
Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !
C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.
Au Refrain
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.
Refrain
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !
A bientôt ! en 1918....
CD