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Le blog du Réseau Bazar BHV

Aliénor d'Aquitaine et son divorce de Louis VII par Martine Mallein Leguedois

10 Avril 2020 , Rédigé par Les federateurs du reseau Bazar Publié dans #Echos des membres, #France 5 Centre

Martine et Gérard vous souhaite un excellent weekend de Pâques, malgré le confinement.

Petit repas sans doute amélioré, pour ce dimanche Pascal, après avoir célébré, pour les Catholiques la messe célébrée en Eurovision sur France 2, à 11 h, suivie de la bénédiction Urbi et Orbi par le pape François à 12 h. 

Nous retrouvons donc ce récit historique d'Aliénor qui reprend le jour de Pâques...

LE DIVORCE DE LOUIS VII ET D’ALIENOR

Pâques, le 3 avril 1149 : adieu Jérusalem !

Le couple royal a rejoint le port de Saint-Jean d’Acre. Leurs nefs les attendent, mais ils ne partiront pas ensemble.

Ils rejoindront le Saint-Père qui les attend à Monte Cassino.

Le pape Eugène III (1145-1153), ancien moine cistercien, avait reçu de son ami, Bernard de Clairvaux, un courrier le félicitant pour son accession au trône de Saint-Pierre, soulignant qu’il devait être : « l’ami de l’époux, le tuteur de l’épouse, la règle du clergé, le maître d’école des ignorants, l’avocat des pauvres, l’espoir des malheureux… ».

C’est dans ce sens qu’il avait, avec une très grande sollicitude, reçu au Mont-Cassin, haut lieu de la Chrétienté, terre de Saint-Benoît, les deux époux lors de leur retour vers Paris. Il semblait les avoir réconciliés.

De retour en France, où l’abbé Suger (1081-1151) surnommé par Louis VII « le père la Patrie » avait pendant deux ans assuré la régence en absence du Capétien. Le couple royal reçut le meilleur accueil au Palais de l’ile de la Cité, en novembre 1149. L’abbé a cherché à rajeunir la vieille demeure pour répondre au désir d’Aliénor.

La princesse Alix de France naît en 1152, mais rien n’est gagné.

Suger ne veut pas entendre parler de ce divorce, mesurant les conséquences qu’une telle décision aurait sur le devenir du royaume franc, la reine récupérant alors tous les fiefs qu’elle avait apportés dans sa dot et annulant ainsi l'influence des Capétiens dans la France méridionale.

La partie occidentale du royaume, soit environ un tiers de sa superficie, allait être perdue!

 Il tente d'en dissuader le roi. Ce n'est qu'après la mort  de Suger en 1151 que Louis VII met son idée à exécution s’en rapportant à l’archevêque de Paris.

Il faut chercher à mieux comprendre le caractère de Louis pour expliquer sa décision.

D’une part, il est le deuxième fils de Louis VI et d'Adélaïde de Savoie.

-Il a reçu une sévère éducation religieuse, élevé dans le cloître de Notre-Dame de Paris.

-A la mort de son frère aîné, Philippe, en 1131, tué accidentellement dans les rues de Paris, après avoir été désarçonné de son cheval par un cochon traversant inopinément la chaussée, il est sacré immédiatement roi et couronné, à Reims, dès le 25 octobre 1131, par le pape Innocent II.

-Plus tard, en 1137, à la mort de son père, il sera couronné roi de France, à Bourges. Voulant asseoir l'autorité royale, il s’appuie principalement sur les évêques, ce qui faisait dire à Aliénor qu’elle avait épousé : un moine !

D’autre part, les folles rumeurs qui avaient couru sur un possible amour charnel entre Aliénor et son oncle, Raymond de Poitiers, largement diffusées par l’évêque, historien de la Croisade, particulière mauvaise langue, Guillaume de Tyr, n’ont pu qu’humilier profondément l’homme dans sa chair et l’homme pieux dans les principes religieux qu’on lui avait enseignés et par conséquent l’amener à cette idée d’annulation de son mariage.

21 mars 1152, le second concile de Beaugency

Le concile se déroule dans l’église abbatiale Notre-Dame, située tout à côté de l’austère château, dominant la Loire. Pourquoi ce lieu, il semblerait que Beaugency ait été spécialisé dans les problèmes matrimoniaux, cas du grand-père de Louis, Philippe ler.

Sous l’autorité suprême de l’archevêque de Bordeaux, le concile rassembla nombre d’évêques du royaume ainsi que les principaux barons du côté laïc, pour statuer sur le sort de ce mariage mal assorti.

Une faille avait été trouvée motivant la désunion, la consanguinité : l’arrière-grand-mère d’Aliénor, Audéarde de Bourgogne, était la petite-fille de Robert ler le Pieux, arrière-arrière-grand-père du roi (au 5e degré).

Le verdict décisif : l’indissolubilité du mariage résultait des réformes du pape Grégoire VII, pour la séparation des époux : « l’impedimentum cogniationis », c’est-à-dire l’empêchement de parenté permettant l’annulation du mariage.  

Intérieur
Le déambulatoire

 

Aliénor d'Aquitaine et son divorce de Louis VII par Martine Mallein Leguedois

Ci-dessus l’abbatiale, extérieur et intérieur. A l’intérieur une plaque commémorative du concile

 

Au moment de la délibération, Aliénor reste dans le sombre château de Beaugency, Ce n’est pas la grande flambée qui pétille dans la cheminée de la salle austère où la reine attend qui va réchauffer son âme glacée. Elle joue un moment important de sa vie.

Les 15 ans de mariage avec Louis vont être gommés, malgré les deux filles qu’ils ont eues. Apparemment son ambition, sa forte personnalité, l’ont conduite à cette décision finale. 

On vient lui annoncer la nouvelle, rapportée par Boucher, dans les Annales d’Aquitaine : « Ils en prirent la charge à grand regret car bien savaient que la chose serait fort déplaisante à la pauvre reine, laquelle incontinent qu’elle en fut par eux avertie tomba évanouie d’une chaise où elle était assise et fut plus de deux heures sans parler pouvoir pleurer ou desserrer les dents » (Château de Beaugency, donjon ci-contre).

Peut-on le croire, car l’ambitieuse duchesse savait dès lors qu’elle pouvait épouser rapidement Henri Plantagenêt, l’héritier du trône d’Angleterre.

Elle semble avoir quitté ses deux filles sans avoir montré un réel chagrin. Quant au roi qui lui reprochait de ne pas lui avoir donné un héritier mâle, de sa troisième épouse, Adèle de Champagne, il aura comme successeur, Philippe-Auguste en 1165.

Et maintenant, le Mariage, très vite avec Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre ! C’est une autre histoire.

Martine reviendra vers nous à l'automne pour la suite de cette belle histoire!

J'avoue que cette femme Aliénor m'interpelle . Depuis le Concile de Paris en 829, l'église interdit à un homme d'épouser une autre femme en dehors de la non consommation sexuelle du mariage.

Aliénor étonnante possède des pouvoirs étendus à l’égal d'un homme. Elle administre sa maison, ses domaines et ses terres. Elle participe avec d'autres femmes de son entourage aux croisades, comme guerrière, on la retrouve au Siège de St Jean d'Acre. Elle trouve le moyen de divorcer...

Elle va à l'encontre de l'image médiévale qu'on en imagine où la femme de la Chanson de Geste attend son amour chevaleresque, ôte l'armure de son chevalier, soigne ses plaies et s'occupe de la famille.

La réalité féminine d'Aliénor est surprenante, par les libertés qu'elle prend; Ne faudra-t'il pas attendre la révolution Française , pour parler de réforme du mariage et pour que la femme puisse jouir de ses biens propres.

Je suis étonnée de ne pas avoir trouvé Aliénor,  dans les deux tommes du Féminisme Français que mes collègues du rayon MN m'offrirent à un anniversaire...  pour me taquiner. ( Clin d’œil à Myriam, Martine, Raoul et Jean-Claude).

Joyeuses fêtes de Pâques!

Prenez bien soin de vous

 

Christine D

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G
Bonjour excusez mon retard mais je n'avais pas encore lu les articles de Martine car comme ceux de Christine j'attends quand je sais qu'il y en a plusieurs sur le même sujet de les lire comme un livre. J'adore l'histoire et merci Martine de me replonger dans cette époque des croisades qui me rappelle mes cours d'histoire en seconde pour lesquels j'avais oublié certaines références notamment qui étaient les parents de Richard Coeur de Lion .Cette ALENOR d'AQUITAINE était déjà maitresse femme et avait un caractére qui s'imposait bien avant l'heure de la révolution. Alors merci MARTINE de nous faire partager cette passion et toutes ces connaissances sur l'histoire de France amitié Georges
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D
j'ai aimé cet Article sur ALENOR d'AQUITAINE tout ce qui concerne cette région d'ailleurs ! Par contre, Vous me permettrez de tiquer quand vous me souhaitez "JOYEUSES PAQUES" Je suis en colère quand je vois les conséquences de la gouvernance MERKEL et celles de MACRON . NOUS , FRANCAIS ON NOUS LAISSE CREVER sans solutions audibles et cohérentes. Nos ainés en EHPAD sacrifiés parce qu'en fin de vie . Il y a un décret du 28 Mars qui le recommande, même pas en pointillé !!! BONNES FETES DE PAQUES à tous quand même!
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