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Le blog du Réseau Bazar BHV

Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°80 l'année 1957/2 Bruno Lussato

20 Janvier 2022 , Rédigé par Les federateurs du reseau Bazar Publié dans #BHV d'hier

Je partage avec vous le portrait d’un homme extraordinaire, certains diront de lui : Un Génie.

BRUNO LUSSATO : est né en 1932. Ces parents arrivent de Tunis en 1945. Le jeune Bruno est soigné pour du rhumatisme articulaire en province et débarque à Paris en 1947. C’est au Grand Hôtel, place de l’opéra, que Bruno (15 ans) découvrent de grands musiciens ... Bruno est lui-même très musicien !

Il entre en première au Lycée Carnot ... Conseiller en organisation  d’entreprise, Écrivain,  Professeur d’université en France et aux USA,  Musicologue et Musicien ( piano), Bruno Lussato était un homme logique, analytique, il  savait cultiver ses dons.

La petite histoire raconte qu’un jour devant un tableau où il expliquait un cours, il écrivit simultanément  de sa main gauche en anglais et de sa main droite en français ! Essayez donc !...

Bruno Lussato meurt à 76 ans en septembre 2009.

Vers l’aventure au BHV en 1957...

Dès la fin de ses études d’ingénieur en organisation au Conservatoire des Arts et Métiers, en quête d’un stage de thèse, Bruno Lussato fut embauché au BHV où il resta 15 ans.

Bruno Lussato et Roger Staffe

« A la recherche d'un stage d'organisateur, pour préparer ma soutenance de thèse, je me vis fermer toutes les portes : trop intelligent, on n'a pas besoin d'un génie chez nous..  En fait j’étais frêle, nerveux et exalté, à la fois visionnaire, théoricien et intransigeant »

Il écrira de nombreux livres (16) dont "La troisième révolution" que j'ai lu pour vous, où il nous parle du BHV :

 "  Le BHV représentait une école exceptionnelle. Ce magasin au chiffre d’affaires le plus élevé au m², de la profession était très rentable, malgré l’extraordinaire et légendaire variété de son assortiment. 950 000 rubriques, du serin dans sa cage à la moto, de la motte de beurre au rouleau de linoléum, de l’abat-jour au réfrigérateur. Le style de la maison était tourné vers l’accroissement fanatique de la productivité et de l’anti gaspillage, avec un mépris total et affiché de solutions à la mode « high tech ".

Combien d’entre nous garde le même souvenir que Bruno Lussato, de son expérience au BHV ;

"L’ambiance était bon enfant, tolérante, hyper décentralisée, affective et la rotation du personnel très faible. Nous formions une famille sous la houlette d’un personnage mythique : Georges Lillaz."

Bruno Lussato nous décrit Georges Lillaz !

" Lorsque pour la première fois, je suis rentré dans son bureau, j’étais très intimidé. La salle avait la forme d’une coupole décorée de tableaux de noyer où se trouvaient affichés les publicités des concurrents du BHV. Chaque côté était occupé par de modestes bureaux. Un pour Gérard Boulot, le Vice-président, l’autre pour son neveu Jean-Pierre, le troisième flanqué d’une poubelle tenant lieu de corbeille à papier, était celui de Lillaz lui-même ; La table était un meuble de rebut en Formica endommagé.

Lillaz était mince, les yeux perçants et pâles, il portait ses lunettes relevées sur le front comme une visière- Les directeurs le singeaient.

Vêtu de sombre, il arborait une cravate noire Hermès à pois blancs. Sa voix était sèche et très basse. Il ressemblait à un jeune fakir. Il m’interrogea sur la Bible et me déclara : « Entrez, si le cœur vous en dit, mais vous resterez ici, tant que j’y serai. Je n’aime pas les divorces ». J’ai tenu parole et lui aussi. "....

Vue du BHV d’Hier....

"J’ai appris au BHV qu’une entreprise peut être un lieu d’échanges affectueux, spirituels, tout en étant prospère et performant.  La clé de cette réussite tenait au bon sens et au souci de l’épanouissement de chacun, à une grande générosité du Patron envers ses collaborateurs, à une préoccupation constante au bien être de chaque employé...

Les succès de mes réorganisations fondées sur le bon sens furent reconnus par la Direction du BHV..."

Je partagerai cet extrait que Claude Staffe et Pierre Lussato  (son fils) ont bien voulu nous faire part :

 «  Bonté, simplicité, humilité Les clés de la productivité In memoriam Roger Staffe Le blog fait souvent ressurgir les fantômes du passé. Je viens de recevoir une lettre qui dans sa simplicité m'a touché au fond du cœur. Elle émane de Claude Staffe, le fils de celui qui a été mon premier patron, directeur de la logistique et des réserves au Bazar de l'Hôtel de Ville, à Paris.

Cette lettre me rappelle que j'ai trop accordé d'importance à l'actualité politique, au détriment de ce qui est mon premier métier : le noble et difficile travail de l'organisateur. Il est vrai qu'il a aujourd'hui pratiquement disparu, comme l'art des verriers et des tailleurs de pierre. Il était condamné par les informaticiens qu'il privait d'une bonne partie de leur bifteck......

 En effet  l'organisation... reposait sur des principes insupportables aux compagnies de logistique et d'informatique.  En voici quatre :

"il faut informatiser ce qui a été organisé et non organiser ce qui a été informatisé"

, " L'organisateur est le médecin de l'entreprise, il doit lutter pour élever sa productivité, sa popularité et son prestige dussent-ils en souffrir "

" Ce qui n'existe pas ne mange pas de pain",

"L'OST (l'organisation scientifique du travail) c'est l'obtention de la sympathie du travailleur.

C'est au BHV que j'appris l'essentiel de mon métier. ...Mais ce qui caractérisait cette entreprise, était son immense bonté, pour autant qu'on puisse ainsi qualifier une organisation...

 «  Mes quinze ans passés au BHV, furent une aventure professionnelle inoubliable, exceptionnellement fertile. J'y appris la simplicité, l'humilité (aucun collaborateur n'avait d'ego ni de persona) et par dessus tout la bonté, le partage des malheurs et des épreuves, une sollicitude pour ceux qui travaillaient pour cette firme.

Sur ce terrain fertile, poussaient toutes sortes d'astuces, de petites révolutions culturelles, des innovations audacieuses, que nous nous gardions bien d'étaler. Le résultat : le plus fort chiffre d'affaires au mètre carré.

Il créa Zébulon : Chariot de manutention filoguidé dont nous reparlerons en 1965.

Je vous laisse méditer cet article.

CD

 

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M
J’ai eu l’occasion de travailler avec B LUSSATO (travailler est un bien grand mot, plus exactement le renseigner sur la façon dont se déroulait le contrôle des encaissements) avec pour interlocuteurs Mrs GROUIILLET et GUILLEMAIN. C’était à la fin des années 1960, après ZEBULON.<br /> De lui, j’ai gardé le souvenir d’un organisateur ayant une intelligence remarquable (bien souvent je n’arrivais pas à le suivre dans ses raisonnements), calme, posé, d’une logique implacable, ne prononçant pas le mot JE mais NOUS et ce qui m’avait frappé lors de ses démonstrations au tableau ; c’était qu’il pouvait écrire aussi bien de la main droite que de la gauche.
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G
Bonjour Christine , bonjour à tous .Merci pour le bulletin qui nous permet de nous retrouver quelques années en arrière et de revoir le visage de nos collègues. Concernant Monsieur BRUNO LUSSATO je ne connaissais pas et n'avais jamais entendu parlé mais maintenant je sais grâce à toi Christine .Quand au bureau de Monsieur Georges Lillaz je le connais très bien, car ayant débuté au rayon PARFUMERIE j'y apportais des paquet de kLEENEX ( souvent L'hiver ) et comme le dit Christine à méditer . Amitié Georges.
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L
Merci Michel! tu es sympa ! je fais ce que je peux! Amicales bises
L
Merci Michel ! tu es sympa ! je fais ce que je peux !.... Amicales bises !
M
la certitude c'est que si tu n'existais pas......et bien il faudrait t'inventer ,tu es unique et faîtes pour le bien et le bonheur de tous.<br /> Amitiés et bises. <br /> Bon weeh end à vous deux avec ce beau soleil. <br /> MD<br /> .