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Le blog du Réseau Bazar BHV

Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°93 1968 2/3

2 Juin 2022 , Rédigé par Les federateurs du reseau Bazar Publié dans #BHV d'hier

Rappelons-nous :

Ce mois de mai à Paris

est inscrit pour toujours dans les mémoires et

dans l'Histoire qui situe la période d'agitation

en réalité  du 14 mai au 24 juin.

Cohn Bendit

Tout commence par la révolte des jeunes étudiants : Tout est parti de l'arrestation de 7 étudiants qui avaient désapprouvés la guerre du Viet-Nam devant l'American Express; 400 étudiants de Nanterre manifestent, certains groupuscules sont prêts à tout casser.

La Fac est fermée et c'est là qu'à la Sorbonne que les différents courants communistes et révolutionnaires passent à l'action. Les forces de l'ordre interviennent pour faire évacuer la Sorbonne et la révolte commença le 11 mai: insurrection et barricades.

Je ne vous en dirais pas plus, beaucoup de personnes connaissent pour l'avoir vécu ou avoir vu les reportages.

Les barricades à Paris
Les barricades à ParisLes barricades à Paris
Les barricades à ParisLes barricades à ParisLes barricades à Paris

Les barricades à Paris

Le 20 mai La CGT appelle les entreprises à la grève

France-Soir : Usine Renault en grève

Entre le 18 et le 22 mai : un salarié sur 2 se met en grève soit 8 millions de personnes. La France va être paralysée.

La SNCF, RATP, PTT reprendront le 5 juin.

L'automobile reprendra progressivement entre le 18 et le 24 juin.

On aboutira aux accords de Grenelle, le premier ministre est Georges Pompidou.

On retiendra une revalorisation du Smig qui deviendra le SMIC.

L'ensemble des salaires sera revalorisé de 10% en 2 étapes.

Les sections syndicales sont désormais reconnues dans l'entreprise et bénéficient de locaux  (15 Verrerie pour le BHV) et la moitié des jours de grève seront payés.

Grands magasins : Que s'est-il passé ?

Les grands magasins ont décrété la grève, dès le 21 mai :  au Bazar de l'Hôtel de Ville, au Bon Marché, à la Samaritaine, aux Galeries Lafayette et au Printemps.

Samaritaine Mai 68Samaritaine Mai 68Samaritaine Mai 68

Samaritaine Mai 68

Galeries Lafayette

Galeries Lafayette

 

AU BHV

Le magasin n’échappe pas aux mouvements syndicaux qui suivent et accompagnent le mouvement étudiant.

Voici des récits qui nous font vivre cette période...

Récit de Alain D

Un matin, les portes sont fermées et des piquets de grève empêchent employés et cadres de pénétrer dans le magasin pour prendre leur travail.

Au 18 rue de la Verrerie, porte par laquelle entrent les cadres, le piquet ne fait pas le poids et la plus grande partie de l’encadrement rejoint son poste dans un magasin désert. Après une heure de flottement et de discussions, tous les cadres sont invités à se rendre à la Cafétéria au 6éme étage où Monsieur Gérard Boulot entouré de la Direction, nous explique la situation et nous demande, (alors que beaucoup proposent de bousculer les piquets de grève afin d’ouvrir le magasin) de rentrer chacun chez soi sans faire d’histoires. Gérard Boulot nous dit que nous serions payés et que nous recevrions des directives individuelles ultérieurement pour reprendre le travail.

Chacun rentre chez lui et attend, en suivant le développement des événements à la radio et à la télé.

Récit de  Jean d N  quelques temps après Alain

La France  est paralysée par les grèves, le magasin Rivoli est occupé par le personnel et son accès contrôlé par des piquets de grève.

Depuis quelques jours, on sentait monter une certaine tension dans le magasin.

Des cortèges de vendeurs grévistes parcouraient bruyamment les couloirs du 7ème.

Un matin, en arrivant à la porte du 15 Verrerie, porte d’entrée des services à cette époque, nous avons été accueillis par un piquet de grève.

On apprenait que le magasin était sous le contrôle du personnel et que le mieux que nous avions à faire, était de retourner chez nous et d’attendre la suite. 

 Ce jour-là, pour la même raison, la Direction s’était vue interdire l’accès de ses bureaux du 7ème étage. Elle s’était alors repliée dans un local situé dans un bâtiment annexe dont l’entrée donnait sur le square Sainte Croix de la Bretonnerie, là où se trouve actuellement le Département médical, car personnel gréviste campait dans le magasin.

Pour garder le contact avec ses cadres, la Direction avait organisé dans cette pièce une permanence tenue par des cadres supérieurs. Chacun pouvant venir s’informer sur l’avancement des discutions sur les revendications du personnel gréviste et aussi, pour ceux qui pouvaient se trouver en difficulté financière, toucher une avance sur salaire en  espèces.

 Un beau matin, les grévistes me laissèrent passer  et  je pus rentrer dans le magasin pour rejoindre le seul photocopieur du magasin et reproduire en plusieurs exemplaires,  un document faisant le point sur l’avancement des discutions entre la Direction et les délégués du personnel afin qu’il soit distribué aux cadres à l’occasion d’une réunion d’informations prévue, à la Maison de la Chimie.

 Quelle ambiance !

En pénétrant dans le magasin, j’ai la curieuse impression que le temps s’est brusquement arrêté et qu’un mauvais sort a pétrifié le magasin. Sous l’éclairage blafard des lampes de secours règne un oppressant silence.

 Les comptoirs sont recouverts de leurs housses ainsi qu’il était d’usage à cette époque à la fermeture des portes, pour les mettre à l’abri de la poussière et des tentations du personnel d’entretien. C’était aussi un signal, une manière de signifier aux clients retardataires qu’il était temps de prendre le chemin de la sortie!...

Au passage, à un étage, dans une semi-obscurité, je crois apercevoir quelques lits de camp recouverts de duvets et un groupe tapant la carte sur une table empruntée comme les lits et les duvets au rayon Sport-Camping. Le magasin est bien sous contrôle !

Je mets la photocopieuse en route, je range les photocopies. L’opération est terminée, la machine est débranchée en attendant des jours meilleurs !

Même itinéraire de retour, même impression pénible d’un magasin à la dérive.

Arrivé dehors... Le bruit, les odeurs, le soleil…. la vie !

Je dépose mon carton dans le bureau du square Sainte Croix, pour la direction ! Mission accomplie !

 

Cette situation va durer vingt jours pendant lesquels, il n’y aura bientôt plus de bus, plus de Métro, plus de cigarettes dans les tabacs, plus d’essence, etc…

La foire de Paris a lieu quand même et la foule désœuvrée se presse à la porte de Versailles. Enfin la vie reprend son cours et le magasin rouvre ses portes.

 

Photos BHV juste après la grève de 68 : réouverture.

Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°93 1968  2/3Mémoires : Le BHV à travers l'Histoire n°93 1968  2/3

Photo Publicité BHV 1968: La tondeuse RIVOLIA, sous la marquise.


Le magasin comme tous les magasins parisiens a subi une grève de 3 semaines perdant ainsi un chiffre de 30 millions de Francs. Cette perte avec l’augmentation des charges aurait pu faire mal augurer les résultats du BHV. En réalité la reprise générale s’est accompagnée d’une forte demande de la clientèle.

Pour y faire face, la Direction :

Georges Lillaz  et Gérard Boulot  comptaient sur la collaboration de leurs cadres et du personnel avec lesquels, ils s’efforçaient de tenir un dialogue confiant et ouvert.

En comparant le 2e semestre 1968 au 2e semestre 1967, on constate un accroissement de 19,60%. Ces résultats ont permis d’absorber les pertes de la grève et de supporter les frais généraux.

Social :

Cette période  de l’après 68 permettra au personnel de bénéficier d’une salle de repos.

Le restaurant d’entreprise en libre-service remplacera la cantine semi-self.

 A Rivoli :

Exposition Mexique : Du 19 octobre au 9 novembre remporte un vif succès.

 

 

Nous nous retrouverons, au prochain article en  Novembre 1968 , avec la participation des Nouvelles Galeries dans le Capital du BHV. 

A bientôt !

 

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G
Bonjour Christine , bonjour à tous quel récit nous replongeant dans cette année 1968 qui est restée dans nos mémoires . j'étais au rayon parfumerie donc en première loge de ce qui se passait dehors j'avais à peine 19 ans et ne comprenait pas le pourquoi. Je prenais la ligne de Sceaux dont le terminus était la station Luxembourg .Donc matin et soir je voyais la Sorbonne occupée et les dégâts sur le boulevard SAINT MICHEL..Mon acheteuse madame FLIPPO et les secondes du rayon mon bien expliqué la situation et le pourquoi le magasin était obligé de fermer <br /> amitié GEORGES
Répondre
L
merci Georges