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Le blog du Réseau Bazar BHV

« A tous les étages, des rayons sont vides » : dans les coulisses du BHV, la révolte des fournisseurs gronde

19 Juin 2025 , Rédigé par Les federateurs du reseau Bazar Publié dans #BHV news, #Lu dans la Presse

Lu pour vous dans la presse : Voici l'article de Challenges toujours bien documenté et analysé.

suivi  des articles des Echos et du Parisien.

Bonne lecture  et comme on dit : qui vivra verra.

CD

« A tous les étages, des rayons sont vides » : dans les coulisses du BHV, la révolte des fournisseurs gronde

Challenges : GUILLAUME ECHELARD 19 JUIN 2025 

« A tous les étages, des rayons sont vides » : dans les coulisses du BHV, la révolte des fournisseurs gronde

Alors que la Société des Grands Magasins (SGM) a annoncé cette semaine être entrée en négociation exclusive avec la Caisse des dépôts en vue d’acquérir les murs du BHV, certains fournisseurs se rebellent. Ils dénoncent les impayés qu’accumule la famille Merlin, à la tête de la SGM.

 « On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. » C’est par cette phrase que Frédéric Merlin, à la tête de la Société des Grands Magasins (SGM), a commenté sur le réseau social LinkedIn une enquête de Challenges sur son difficile rachat du BHV, parue en mai dernier. Un mois plus tard, la conclusion de l’entrepreneur, 207e fortune de France, est plus que jamais d’actualité. D’un côté, il a annoncé cette semaine entrer en négociation exclusive avec la Banque des territoires (Caisse des Dépôts) afin de racheter, via une forme de joint-venture où la SGM serait majoritaire, les murs du BHV. « Une bonne nouvelle », souffle une source proche des Galeries Lafayette, l’actuel propriétaire qui, depuis 2023, cherche à les lui céder pour 300 millions d’euros. De l’autre côté, la révolte des fournisseurs, dont les impayés s’accumulent, gronde contre Frédéric Merlin.

Car il n’est pas le seul à avoir commenté l’enquête de Challenges sur LinkedIn. Marion Carrette, à la tête de la marque de laine Anny Blatt, a expliqué publiquement début juin ses difficultés à être payée par celui qui exploite depuis peu le fonds de commerce de l’emblématique grand magasin parisien. Dans son texte, elle explique : « Demain, cela fera six mois que le BHV aurait dû nous payer le chiffre d’affaires du mois de décembre 2024 réalisé chez eux lors d’une boutique éphémère. […] Si tout va si bien au BHV, qu’attendez-vous pour nous payer, Frédéric Merlin ? »

Fronde sur LinkedIn

Si la situation a depuis été résolue pour l’entrepreneuse, sa publication a fait l’effet d’un électrochoc. En réponse à son texte, une série de fournisseurs ont réagi sur le même réseau social. « Le BHV doit vite cesser ce type de comportement sous peine de perdre toute crédibilité envers ses fournisseurs », estime ainsi Bernard Vanderschooten, à la tête d’un groupe de linge de maison. « Je passe plus de temps depuis un an à courir après les règlements qu’à animer mes équipes sur le corner », rebondit Christophe Verley, à la tête de la maison Serge Lesage, spécialiste du tapis. Cédric Stirling, cofondateur de la marque de bijouterie Gemstar Brands, enfonce le clou : « Depuis novembre 2024, notre marque est présente en corner permanent au BHV, et nous n’avons à ce jour jamais reçu le moindre règlement ».

 

Un fournisseur de longue date du BHV constate : « Tous les fournisseurs sont en train de se réveiller. » Pour ce commerçant, présent depuis des années dans le grand magasin de la rue de Rivoli à Paris, la situation date de l’arrivée de Frédéric Merlin aux manettes. Dès l’été 2024, Mediapart avait signalé des problèmes d’impayés de la part du BHV. La source anonyme a même entamé une action en référé, pour les dizaines de milliers d’euros de préjudices que lui laisse la SGM. « On va saisir le plus vite possible les fonds qui nous manquent, parce qu’on pense qu’il n’y en aura pas pour tout le monde », reconnaît-il, constatant la prise de conscience des fournisseurs.

 

Situation « réglée dans les prochaines semaines »

Du côté de la SGM, on assure vouloir agir. Selon l’entreprise de Frédéric Merlin, c’est toujours la bascule difficile du système de paiement des fournisseurs des Galeries Lafayette (anciens propriétaires) vers celui du nouveau locataire des lieux qui est en cause. La SGM a aussi dû monter de toutes pièces un service d’acheteurs, qui était jusqu’ici assumé par les fonctions centrales des Galeries Lafayette. Or le choc a été rude pour mettre sur pied cette équipe au plus vite. « Cette situation sera réglée dans les prochaines semaines, estime une source proche de la SGM. Cela prend du temps, mais nous prêtons une attention particulière aux petits fournisseurs. »

Si plusieurs marques expliquent avoir reçu des virements ces derniers jours, les règlements se feraient encore de manière sporadique et désorganisée. Certains s’agacent. « Ces non-paiements sont un moyen de montrer une trésorerie suffisante à la Banque des territoires, pointe Frank Halard, à la tête de la marque de papier peint Au fil des couleurs, présente au BHV depuis dix ans. La SGM prend 100 % de notre chiffre d’affaires au lieu de prendre une commission de 20 % ! » Si la taille de son entreprise (6 millions d’euros de chiffre d’affaires) lui permet de rester à flot, l’entrepreneur explique avoir dû fermer son corner au BHV, et par conséquent licencier trois personnes, en raison d’un impayé de 80 000 euros. « Et je renonce à un demi-million de chiffre d’affaires en fermant ma concession », soupire-t-il. Chez certains gros fournisseurs, l’ardoise se chiffrerait en centaines de milliers d’euros. « Je pense que la SGM laisse les paiements en attente le temps de dealer avec la Caisse des dépôts (CDC) et la Banque des territoires », espère un fournisseur qui raconte, chaque mois, recevoir une nouvelle promesse de paiement du BHV, jamais finalisée. « Une fois que le rachat des murs sera réglé, ils nous paieront », espère-t-il.

 

Agacement croissant du personnel

En attendant, la conséquence pour le personnel est concrète, explique un salarié : « A tous les étages, des rayons sont plus ou moins vides. Des clients viennent demander un article. On leur ment, car on ne sait pas quand on va être réapprovisionné, ce sont des situations invivables. » Et l’employé de longue date du BHV de décrire : « Au 2e étage, le rayon des cadres est vide. A la papeterie, il n’y a plus de stylos. Au 4e étage, on avait l’un des meilleurs points de vente de tringle à rideaux : il est vide ! » En mai, Frédéric Merlin assurait toutefois à Challenges que le sous-stockage n’était que de l’ordre de 4 %.

Une explication insuffisante en interne. La semaine dernière, les syndicats – CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, Sud – ont distribué un tract. Ils y dénoncent pêle-mêle : « les produits manquent et l’image du magasin s’effondre » ; « les clients s’énervent et ce sont les salariés qui subissent leur insatisfaction » ; « notre charge de travail explose » ; « certaines marques ont déjà quitté le magasin » ; « on nous pousse à bout ». Le tract s’attaque également à un projet d’extension des horaires du magasin. L’intersyndicale conclue : « Le silence n’est plus une option. L’inaction non plus. »

Vers un BHV centre commercial ?

Une source proche du dossier estime que la méthode de Frédéric Merlin serait surtout un moyen de renouveler rapidement l’offre du magasin. En poussant des marques vers la sortie (en ne les payant pas), il permet à de nouveaux acteurs de prendre leur place, notamment de plus grosses concessions, et ainsi se rapprocher de ce que la SGM connaît le mieux : les centres commerciaux. Tout l’enjeu pour le dirigeant est de renforcer sa rentabilité, alors que son excédent brut d’exploitation (hors frais de siège) est déjà revenu dans le vert en 2024.

Frédéric Merlin prévoit également d’augmenter l’offre de restauration avec la création d’un « marché alimentaire ». Il veut aussi installer une salle de sport. Les loisirs et la restauration ont été les clés du succès des centres commerciaux en province de l’entrepreneur de 33 ans. Cette fois, suffiront-ils à relancer le cargo BHV, en perte de chiffre d’affaires et déserté par certains fournisseurs ? Pour l’instant, tous les regards sont tournés vers la Caisse des dépôts. Selon une source proche du dossier, l’alliance avec la SGM est quasiment actée. A l’inverse, à la CDC, on garantit que rien n’est encore joué, les tractations battant encore leur plein. Dans tous les cas, la date de bouclage du deal avec les Galeries, prévue pour la fin juin, devrait être une nouvelle fois reportée. Elle était initialement prévue en mars 2024.

2 e article : La Caisse des Dépôts prête à aider à racheter les murs du BHV |

18/06/2025  Les échos Philippe Bertrand           

La Banque des Territoires, l'une des directions de la Caisse des Dépôts et Consignations, a annoncé ce mardi être entrée en négociations exclusives avec la SGM en vue « d'un partenariat stratégique ». Ce partenariat vise « l'acquisition de l'actif immobilier du BHV Marais dans le cadre d'un ambitieux projet de transformation ». L'opération complète la vente par le groupe Galeries Lafayette du fonds de commerce du grand magasin situé face à l'Hôtel de Ville de Paris opérée mi-février 2023.

Lors de cette cession, le repreneur, la foncière Société des grands magasins (SGM) de Frédéric Merlin, devait aussi acquérir les murs du bâtiment ainsi que plusieurs immeubles des rues avoisinantes appartenant également aux Galeries Lafayette.

Marché alimentaire

La brusque remontée des taux d'intérêt avait rendu impossible l'obtention d'un financement à un prix raisonnable. Les Galeries Lafayette s'étaient alors résolus à céder les lots immobiliers situés autour du BHV à d'autres investisseurs.

 Le groupe de la famille Moulin-Houzé avait accordé un délai pour les murs du magasin, délai qui arrive à échéance à la fin du mois de juin. L'opération s'élève à un montant de 300 millions d'euros. Le partenariat avec la Banque des Territoires consiste, selon nos informations, à créer une foncière qui achèterait l'immobilier du BHV.

 Selon La Lettre, qui a la première évoqué ce montage, la SGM serait majoritaire dans la nouvelle structure.

Pour autant, le processus de rachat n'est pas encore achevé. Il reste « soumis à la mise en place d'un financement bancaire complémentaire », indique le communiqué. La Lettre évoquait un apport en fonds propres de 100 millions par la foncière ad hoc créée par les deux partenaires, auquel devaient s'ajouter 200 millions d'emprunts. Mais les négociations pourraient porter sur un ajustement des montants. Le nom de la Caisse d'Epargne a été évoqué pour le financement complémentaire. Dans son communiqué commun avec la Banque des Territoires, la SGM précise aussi son projet commercial. « Ce 'nouveau' BHV accueillera un marché alimentaire permanent au cœur du bâtiment, véritable vitrine du savoir-faire gastronomique français. Ce marché réunira les sept métiers de bouche emblématiques - boucherie, poissonnerie, boulangerie, fromagerie, épicerie, primeur et cave », indique le texte qui rappelle que les rayons bricolage historiques seront préservés. « Nous voyons dans ce projet […] une opportunité unique de faire de ce lieu emblématique un moteur du dynamisme commercial du coeur de Paris », a déclaré François Wohrer, directeur de l'Investissement de la Banque des Territoires.

3e article

Le BHV en plein Bazar

2025 06 18 Le Parisien : Paul Abran

« Bonjour, avez-vous des patins pour mettre sous les pieds d’un meuble ? » À la question de cette cliente, une salariée du BHV répond : « Oui, ça, nous avons. » Moins de chance pour ce Parisien qui refait sa douche. « Je n’ai pas trouvé de flexible », souffle-t-il. « Les gros fournisseurs en robinetterie n’approvisionnent plus », explique une vendeuse au sous-sol.

Cette semaine, nous avons déambulé dans les étages du célèbre grand magasin de la rue de Rivoli (IVe) qui connaît une période tumultueuse. Au bricolage, des rayons sont clairsemés. Un corner de décoration d’intérieur plie bagage. « Je me rends au BHV pour des besoins spécifiques, en électricité, ainsi qu’aux beaux-arts. Mais l’offre diminue », observe cette habituée.

« Situation intenable »

Ce fleuron du commerce parisien vacille-t-il ? Cédé par le groupe Galeries Lafayette à la Société des grands magasins (SGM) présidée par Frédéric Merlin fin 2023, le site fondé au XIXe siècle fait face à une « situation intenable », selon l’intersyndicale. Cette dernière ne veut pas voir le beau bazar des passionnés et ses 38 000 m2 de surface commerciale « mourir en silence ».

. De nombreuses références manquent dans certains rayons, notamment au sous-sol.

Car « les clients ne viennent plus », observent plusieurs salariés rencontrés ce début de semaine — certains comptant plusieurs décennies d’ancienneté et réclamant l’anonymat. « Des collègues n’ont pas été payés depuis des mois, des corners quittent les lieux… Ces départs se comptent en dizaines », poursuivent-ils, illustrant un climat social tendu.

« Courir après les règlements »

La patronne d’une enseigne française de pulls a récemment partagé sa situation sur le réseau LinkedIn. « Ça fait six mois que le BHV aurait dû nous payer le chiffre d’affaires de décembre 2024 réalisé chez eux lors d’une boutique éphémère. Notre contrat prévoyait un paiement sous dix jours, (…) nous en sommes à 180 », écrit-elle.

Alors « après moult relances auprès de la comptabilité, envois de lettre recommandée, messages au patron, je me suis décidée à déposer une injonction de payer auprès du tribunal de commerce de Paris », annonce-t-elle. Un gérant d’une marque de tapis d’ajouter : « Je passe plus de temps à courir après les règlements qu’à animer mes équipes sur le corner ».

Équilibre économique

Des retards de paiement avaient déjà été observés au cours de l’été dernier. À l’époque, la direction reconnaissait des « perturbations » et assurait qu’il ne s’agissait que d’une « période transitoire » marquée par la mise en place d’un nouveau mode de gestion comptable. Rappelant au passage que l’enseigne enregistrait, avant la reprise, des pertes de 15 millions d’euros annuels.

La SGM a récemment évoqué un « retour à la rentabilité » sur l’année 2024 et le rétablissement de « l’équilibre économique » communiqué en avril 2025. Alors la situation tend-elle à se résoudre ? Les syndicats, eux, déplorent toujours des « rayons vides ». « Les produits manquent et l’image du magasin s’effondre », alertent-ils dans un récent tract.

Des enseignes vendant des produits au BHV déplorent des impayés depuis plusieurs mois.

Des clients du BHV lui sont pour autant toujours fidèles. « J’ai préféré venir ici, comme dans les années 1990, au lieu d’aller à Leroy Merlin pour acheter un judas de porte », commente Martine, la soixantaine. « La situation évolue dans le bon sens et aucun élément nouveau ou aggravant n’est à signaler », rassurait il y a quelques jours la direction dans un communiqué, tout en assumant « pleinement cette situation temporaire liée au passage progressif de l’ancien exploitant vers notre autonomie complète en matière de gestion administrative et financière. »

Quid des ruptures dans certains rayons ? Celles-ci « résultent d’une réorganisation stratégique profonde de notre assortiment », assure la direction dans cette même déclaration. Et de rappeler ses ambitions à court et moyen termes avec « de nouvelles marques, l’ouverture prochaine d’espaces de restauration, de halles alimentaires et d’espaces sportifs ». Une démarche impliquant « d’écouler certains stocks », justifie-t-elle.

« Transformation en profondeur »

La SGM veut-elle rassurer quant à la santé économique du BHV ? Elle annonce en tout cas ce mardi engager avec la Banque des territoires (filiale de la Caisse des dépôts) « des négociations exclusives en vue de l’acquisition des murs du BHV Marais » auprès des Galeries Lafayette, ancien propriétaire de la marque et du fonds de commerce, et aujourd’hui encore propriétaire du bâti. L’opération de rachat serait estimée à 300 millions d’euros.

Ce partenariat « a pour objectif une réhabilitation patrimoniale et commerciale », et « prévoit une transformation en profondeur pour répondre aux nouveaux usages urbains et modes de consommation », tout en préservant « l’univers du bricolage à la maison, les arts, la papeterie et la mode ».

« Le BHV est un commerce très ancien avec une identité forte, commente Nicolas Bonnet-Oulaldj, adjoint (PCF) d’Anne Hidalgo en charge du commerce qui a reçu l’intersyndicale l’an passé. La Ville y est très attachée. Dans une récente étude sur la rue de Rivoli, le BHV est le deuxième lieu d’attractivité derrière les Halles. Tous les commerces alentour profitent aussi de leur clientèle. 

 

 

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D
Si l'alimentaire réinvestit les surfaces BHV, alors il convient de raconter une anecdote en souvenir de Monsieur Stephen CAFIERO, grand professionnel et champion du monde de ping pong pour le BHV, (mon premier patron à la Pub Chaine des 7 magasins RP: Flandre, Monthléry, Garges, P2,BE,R2, Créteil) , . <br /> Histoire authentique qui lui était arrivée quand les grands magasins proposaient un étage complet d'alimentaire.. <br /> Pensant qu'un monsieur lui demandait où se trouvaient les rayons de l'épicerie, le bonhomme lui répondit, Non pas l'épicerie, je cherche les "pisseries" ( les "toilettes", pour ceux qui n'auraient pas compris). Nul doute que cette clientèle très populaire qui fréquentait le grand magasin l'a déserté depuis fort longtemps....
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