Les Galeries Lafayette s'interrogent sur l'avenir du BHV
Des articles alarmistes pour le BHV... et pourtant !...
Chacun d'entre nous sait que le BHV n'a pas vocation à s'arrêter pour devenir un Hôtel ou un ensemble de petites franchises commerciales.
Chacun connait la force du BHV dans l'équipement de la maison et le Bricolage...
Le blog du réseau-bazar vous raconte au fil du temps les heures de gloire de l'enseigne.
Alors espérons que l'avenir sera moins sombre que tous les articles que nous pouvons lire.
Espérons que quelques bien pensants feront réagir !...
CD
Lu pour vous /Challenges ( audio -Grande conso Par Claire Bouleau le 16.09.2021 )
Confronté à la désaffection des touristes, la piétonisation du centre de Paris, et une concurrence intense, le BHV Marais est en difficultés. La direction des Galeries Lafayette s'interroge sur son avenir. Une revue d'actifs est en cours.
Quel sort attend le BHV Marais?
Voilà la question que l'on se pose à entendre Nicolas Houzé, directeur général des Galeries Lafayette. Interrogé par Challenges sur la situation de ce temple du commerce, situé rue de Rivoli, à Paris, le dirigeant a reconnu qu'il était en difficultés. Et que le groupe s'interrogeait sur l'avenir d'un grand magasin dans ce quartier rendu piéton. "Les difficultés de circulation dans le centre-ville nous pénalisent", regrette le petit-fils de Ginette Moulin. Une revue d'actifs est en cours. Et selon nos informations, un conseil de surveillance se tiendra au BHV la semaine prochaine. Contactés par Challenges, les syndicats disent ne pas être au courant de projets pour le BHV.
A 165 ans, quelle pourrait être la prochaine étape pour ce temple iconique du commerce? Probablement pas une fermeture. Mais pourquoi pas une cession, ou un passage en franchise? Cette dernière solution a été choisie récemment par la famille Moulin-Houzé pour onze Galeries Lafayette situés en France. Au total, ce sont désormais 38 points de vente qui sont opérés par des partenaires. Interrogée par Challenges, Amandine de Souza, la directrice du BHV reconnaît que le grand magasin connaît des difficultés.
Adieu touristes, télétravailleurs et automobilistes
Et pour cause, il y a d'abord eu les trois confinements, et les quelques cent jours de fermeture cette année, qui ont plombé les ventes en magasin. Les touristes, qui pèsent 15% du chiffre d'affaires habituellement, ont massivement disparu, même si les clientèles européenne et nord-américaine sont revenues cet été. Bien sûr, 15%, c'est moins qu'aux Galeries Haussmann, où ils génèrent deux tiers des ventes, mais c'est loin d'être négligeable. Les Franciliens qui travaillaient à Paris, eux, ont désormais opté massivement pour le "home office" et arrêté de flâner dans les boutiques entre midi et deux.
Mais faire porter toute la responsabilité à la crise sanitaire serait trop facile. Elle n'a été que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. "Le BHV, en difficultés économiques depuis plusieurs années, a en plus subi une politique écolo absurde de la Mairie de Paris", estime Eric Mamou, délégué syndical central CFTC. "Il souffre aussi d’une panne de sens… La politique commerciale de la direction n’a toujours pas trouvé son essor. A ma connaissance, le schéma économique viable permettant le retour à l’équilibre n’est pas défini. Enfin, au gel des salaires et des primes de ventes aléatoires s’est ajouté le chômage partiel ce qui a plombé les revenus des salariés: ils sont très inquiets sur leur avenir. Mais le BHV garde les atouts d’un emplacement exceptionnel et c'est un beau magasin, qui étonne par la diversité de son offre."
Comme lui, Amandine de Souza déplore la politique environnementale d'Anne Hidalgo: "Entre la fermeture des voies sur berge, la piétonisation de la rue de Rivoli l’an dernier, et les projets de zone à trafic limité, venir en voiture est de plus en plus difficile", regrette-t-elle. Le parking situé au sous-sol du bâtiment? On y trouve toujours des places libres. Preuve qu'il n'est pas pris d'assaut. "C’est à nous de proposer des services en réponse à cela", poursuit la dirigeante, qui évoque la livraison à domicile des articles encombrants achetés en magasin, moyennant 49 euros ou la livraison gratuite pour les produits plus petits, à partir de 89 euros d'achat. En pleine tempête, le digital apparaît comme une bouée de sauvetage. Le click and collect est passé de 20% à 30% des commandes en un an, et les ventes sur le site du bhv.com ont progressé de 60% depuis janvier, par rapport à la même période en 2020, déjà historique.
Une ancienne de Bain et Casino aux commandes
Nommée à la tête du magasin il y a pile deux ans en remplacement d'Alexandre Liot -parti diriger le navire amiral du groupe-, Amandine de Souza se bat pour remettre à flot le bateau à la dérive. "Des difficultés, oui il y en a, mais, c’est un magasin dans lequel nous investissons toujours", nuance la diplômée d'ESCP Business School, passée par Bain & Co et le groupe Casino. "Nous renouvelons l’offre pour le repositionner comme le beau bazar des passionnés, avec une offre éclectique en bricolage, maison, loisirs, et mode. Cela nous permet de nous différencier des autres grands magasins". Profitant des longues semaines de fermeture, les équipes ont totalement réaménagé le sixième étage, dédié à la literie et au linge de maison. Le mobilier enfant y tient désormais une part de choix, avec des marques comme Gautier ou Cyrillus, tandis que la marque propre Galeries Lafayette a laissé place à celle de La Redoute (rachetée par le groupe en 2017) pour le linge de maison. Deux niveaux en dessous, l'étage déco a vu débarquer récemment des marques et créateurs pointus, plébiscités des Parisiens, comme l'incontournable Sarah Lavoine, la manufacture française de mobilier en métal Résistub, la brocante en ligne Selency, ou le spécialiste du mobilier design Red Edition. Au sous-sol, une nouvelle offre de graines, jardinage, pots, fait son apparition avec Truffaut.
La maison prend le pas sur la mode
La vieille dame du Bazar Hôtel de Ville souffre, et pourtant, des atouts, elle en a. Non content d'être installé en plein cœur de Paris, le grand magasin est positionné sur le créneau porteur de l'équipement du logement. Confinements obligent, les Français ont redécouvert la joie du bricolage, du DIY, de la décoration et de l'ameublement. Ils ont réinvesti leur cocon, leur jardin. Quand Amandine de Souza est arrivée, la maison et la mode se partageait le gâteau à parts égales. Cette ancienne du pure-player spécialisé en meuble et décoration Westwing a renforcé le poids de la maison, qui pèse désormais 60% du chiffre d'affaires. Mais aussi porteur soit-il, ce segment est aussi très bataillé, par les distributeurs classiques qui ouvrent des points de vente à tout va, à l'image d'IKEA qui vient d'ouvrir une adresse rue de Rivoli, par les pure-players généralistes comme Cdiscount et Amazon ou spécialistes à l'image de ManoMano. Sans oublier l'arrivée, en juin, d'un autre grand magasin, à moins d'1 kilomètre du BHV, la Samaritaine. Après dix-huit mois de crise sanitaire, "le magasin n’a pour l’instant pas retrouvé son trafic de 2019", reconnaît Amandine de Souza, qui évalue la baisse à -20% depuis janvier, par comparaison à la même période en 2019. "Heureusement, la baisse de trafic est compensée par la hausse du taux de transformation. Un visiteur sur deux achète.
Lucide sur la bataille à mener, la patronne conclut: "Il faut que la dynamique commerciale reparte et que nous arrivions à retrouver les niveaux historiques de vente."
Merci à Bernadette pour les photos comme toujours très belles.