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Le blog du Réseau Bazar BHV

Lu dans la Presse article Médiapart sur le BHV, premier à dénoncer la situation

21 Août 2024 , Rédigé par Les federateurs du reseau Bazar Publié dans #BHV news, #Lu dans la Presse

Je n'avais pas pu vous passer cet article de Médiapart, le premier à dénoncer la situation car je n'avais pas accès à sa totalité.

Un collègue a eu la gentillesse de le partager et je le remercie.

Cette situation est un scandale, pour non assistance à Magasin et personnel  en danger. 

« On va dans le mur » : à Paris, le BHV est en danger

Médiapart 12 août 2024

Au BHV, grand magasin emblématique du centre de Paris, les difficultés financières s’accumulent depuis qu’un jeune homme d’affaires peu connu du grand public a repris l’entreprise fin 2023. Il ne paie déjà plus les enseignes qui vendent dans les étages du grand magasin. A-t-il eu les yeux plus gros que le ventre ?

Mathias Thépot

« C’est« C’est une arnaque », « Plus personne n’est payé », « On va dans le mur »… Ça chauffe au Bazar de l’hôtel de ville (BHV) de Paris.

Le grand magasin de la rue de Rivoli, bien connu des Parisien·nes pour, entre autres, la qualité de son rayon bricolage, est en proie à d’importantes difficultés financières.

Déjà en perte de 15 millions d’euros par an – pour 300 millions d’euros de chiffre d’affaires –, les BHV du Marais à Paris et de Parly 2 dans les Yvelines ont été vendus fin 2023 par le groupe Galeries Lafayette à un jeune homme d’affaires lyonnais peu connu du monde économique, Frédéric Merlin, 32 ans. Il a repris ces deux BHV via sa société familiale, la Société des grands magasins (SGM) qu’il préside, et dont sa sœur, Maryline Merlin, est directrice générale déléguée, et leur mère, Dominique Merlin, directrice générale adjointe.

Si le prix de la transaction n’a pas été communiqué, les experts en immobilier commercial évaluaient autour de 500 millions d’euros les deux BHV concernés, dont environ 370 millions pour les seuls murs du magasin de 38 000 mètres carrés situé rue de Rivoli à Paris.

Peut-être trop pour le jeune loup de l’immobilier commercial qui, après avoir déjà racheté sept magasins Galeries Lafayette au groupe du même nom en 2022, ne semble plus avoir les reins assez solides pour tenir un tel édifice. En effet, à peine l’avait-il repris qu’il honorait en retard ses engagements financiers envers les marques qui vendent leurs produits dans les 320 « corners » des allées du BHV du Marais.

« Notre nouveau propriétaire ne verse plus l’argent dû aux différentes boutiques louant des emplacements à l’intérieur du BHV », relate l’employée d’une marque. Et ce particulièrement aux rayons bricolage, au sous-sol, décoration intérieure, au quatrième étage, et literie, au sixième. « Une situation similaire se déroule au BHV Parly 2... », ajoute la même employée. Ce qui nous a été confirmé par ailleurs.

Il faut bien comprendre l’organisation économique du BHV pour se rendre compte à quel point l’accumulation des impayés peut rapidement devenir mortifère pour les boutiques : ces dernières ramènent en effet sur place leurs marchandises ainsi que leurs propres vendeurs – aussi appelés « démonstrateurs » – qu’elles rémunèrent. Toutefois, c’est le BHV qui encaisse les achats des client·es.

Ce n’est qu’ensuite que le grand magasin reverse aux boutiques leur dû, minoré d’une commission correspondant au loyer de l’emplacement qu’elles occupent. Les boutiques devant aussi, comme toute entreprise, payer leurs fournisseurs, ce sont donc plusieurs mois de trésorerie qu’elles avancent. L’équation économique devient intenable. « Normalement, le groupe SGM doit nous reverser un pourcentage des revenus générés par chaque boutique. Mais cela fait plusieurs semaines que plus personne n’a reçu le moindre revenu… », ajoute l’employée déjà citée.

Les impayés s’accumulent

Les difficultés des petites enseignes coïncident clairement avec la reprise du BHV par le groupe SGM. « Dès l’arrivée de la nouvelle direction, j’ai eu un important retard de paiement, témoigne la directrice d’une petite marque de décoration. D’abord un mois de retard, puis un mois et demi, et plus le temps passe, plus les délais se rallongent. Et là je ne suis plus payée du tout. » « Le pire, peste-t-elle, c’est qu’on nous promet des dates de règlement qui ne sont pas honorées. » Le BHV doit plus de 40 000 euros à sa petite structure, déjà sous tension, qui se retrouve au bord du dépôt de bilan.

« C’est une arnaque », nous dit un autre petit patron de boutique à qui le BHV doit près de 100 000 euros : « Le BHV encaisse le fruit de nos ventes, sans que l’on ne reçoive rien en retour. C’est incompréhensible. » Il ne se voit pas rester après le mois d’octobre : « Je n’ai pas les moyens d’avancer trois ou quatre mois de marchandises », dit-il.

Le contraste est ici saisissant avec l’ancienne direction des Galeries Lafayette. « On n’avait rien à leur reprocher, ils avaient une politique bien plus sociale au sein du BHV », témoigne une responsable de « corner ». « Nous n’avions jamais eu le moindre problème avec les Galeries Lafayette, surenchérit un autre, jamais une once de retard de paiement, et on avait toujours un interlocuteur, même pour discuter de ce que l’on mettait en rayon. Là, personne ne nous répond. La direction de SGM fait la sourde oreille à nos relances. »

Ainsi, une résistance plus ou moins visible s’organise aux étages où les impayés s’accumulent. « Dans certaines boutiques, les vendeurs continuent de venir mais effectuent un travail fantôme », témoigne un vendeur. Comprendre : « Ils donnent quelques renseignements mais lorsque les clients veulent conclure une vente, ils disent que ce n’est pas possible. » Dans d’autres cas, « les vendeurs sont instruits de vendre les stocks restants sans passer de nouvelles commandes pour réapprovisionner ».

Et parfois même, consigne est donnée aux démonstrateurs de passer commande avec le ou la cliente directement sur le site internet de la boutique, afin que les achats ne transitent pas par les caisses du BHV.

Plus radical, il arrive que certaines marques demandent à leurs démonstrateurs de rester chez eux tant qu’elles ne sont pas payées. « Il n’y a que ce type d’action qui a un peu marché jusqu’ici pour être considéré par la nouvelle direction », confie un directeur de boutique. Selon nos informations, une enseigne bien connue du quatrième étage a décidé de se retirer fin juillet tant qu’elle n’était pas payée.

Autre preuve que le torchon brûle : un tract de l’intersyndicale du BHV a été distribué aux salarié·es en juin, les informant qu’un droit d’alerte économique avait été lancé. « Le 28 mai 2024, le CSE [comité social et économique – ndlr] central a exercé son droit d’alerte économique en raison de problèmes persistants concernant les délais de livraison dus aux importants retards de paiement des fournisseurs. À ce jour, en dépit de nos multiples rappels, aucune réponse ne nous a été fournie. La direction s’est engagée à nous les donner au CSE central de septembre », est-il écrit.

Mais « il y a de toute façon des emplois qui vont être supprimés, et des petites boîtes qui vont couler », estime, résigné, un responsable de boutique déjà cité.

Un problème de logiciel de comptabilité ?

Au total, les impayés vont de quelques dizaines à quelques centaines de milliers d’euros pour les plus grosses boutiques, dépassant parfois le million, selon nos informations. Ce que réfute catégoriquement le groupe SGM auprès de Mediapart – l’intégralité de nos échanges est disponible en annexes de cet article. Le groupe répond que « les montants » d’impayés les plus élevés que nous évoquons « ne peuvent avoir été communiqués que par erreur ».

Cependant, il ne nie pas les retards de paiement : « Malgré toutes nos précautions et nos prévisions, nous connaissons effectivement des perturbations, en cours de règlement, dans les délais de paiement pour certaines factures de nos fournisseurs. Nous sommes désolés des désagréments que ces perturbations entraînent […] et nous faisons le maximum pour accélérer le paiement des factures qui n’ont pas encore été réglées, avec des équipes comptables renforcées. »

Aussi, le groupe SGM l’assure : « Il s’agit uniquement d’une situation transitoire. » Et tout ira mieux plus tard grâce à « un grand projet qui vise à redynamiser la marque et à permettre au BHV de revenir à l’équilibre économique en répondant aux attentes de ses clients, de ses collaborateurs et de ses partenaires, grâce à une nouvelle organisation, une recapitalisation et des investissements significatifs ». Le groupe dit aussi avoir déjà injecté 38 millions d’euros dans les BHV : 8 millions au moment de l’achat et 30 millions supplémentaires fin mars.

Mais au-delà des excuses, quelles sont les justifications concrètes du groupe SGM pour expliquer les impayés ? « Ces délais de paiement s’expliquent par le fait que, dans l’attente de la mise en place de la nouvelle organisation du service comptable du BHV, nous utilisons encore les anciens process des Galeries Lafayette pour le traitement et le règlement de nos factures, avec des outils qui ne sont pas adaptés à notre organisation actuelle. » Tout cela ne serait donc qu’un problème de logiciel de comptabilité désuet.

Une explication qui ne convainc personne dans les boutiques. « À la rigueur, les premières semaines après la reprise, on aurait compris. Mais le groupe SGM a repris il y a neuf mois maintenant et les impayés vont croissant… », réagit un salarié du BHV. « Quoi qu’ils disent, on ne voit pas comment ils vont faire rentrer de l’argent magique après des mois d’impayés », commente, dubitatif, le responsable de boutique déjà cité.

Les yeux plus gros que le ventre

Par ailleurs, vu la rapidité avec laquelle les retards de paiement sont survenus, il y a de fait lieu de se demander si le groupe SGM a les reins assez solides financièrement, et s’il n’est pas allé trop vite en besogne en reprenant un tel mastodonte que représente le BHV du centre de Paris.

Problème, hormis les discours de communication bien rodés repris dans la presse économique, on en sait encore peu sur Frédéric Merlin et sa famille. Au-delà du microcosme lyonnais, ils ont participé à la reprise de centres commerciaux dans des villes moyenne telles que Mulhouse, Saint-Nazaire ou Roubaix. Puis, avec la bienveillance de Philippe Houzé, président du directoire du groupe Galeries Lafayette, la famille Merlin a mis la main sur sept magasins des Galeries au Mans, à Dijon, Angers, Reims, Orléans, Limoges et Grenoble.

En cherchant un peu, on découvre tout de même que la famille lyonnaise a des connexions politiques, et non des moindres : Frédéric, Maryline et Dominique Merlin se sont affichés fin avril avec Nicolas Sarkozy, venu les voir à Lyon pour « une visite privée et une séance de travail », selon la presse locale. Financièrement, le groupe SGM est aussi soutenu par les banques du groupe BPCE, historiquement proche de l’ancien président de la République.

Suffisant pour convaincre le groupe Galeries Lafayette de céder ses BHV à Frédéric Merlin ? Sollicité par Mediapart, le groupe Galeries Lafayette qui, rappelons-le, fait face à un mur de dettes et avait donc besoin de se défaire d’actifs pour se renflouer, n’a pas souhaité répondre dans le détail à nos questions. Il a toutefois précisé « connaître les difficultés actuelles de l’exploitation » du BHV. Et a ajouté : « Nous faisons confiance au groupe SGM pour trouver les solutions nécessaires. »

Des solutions, il va falloir que le groupe SGM en trouve vite car en octobre démarre la période des achats pour les fêtes de fin d’année. Or, « c’est le moment où le BHV réalise le chiffre d’affaires qui lui permet de tenir le reste du temps », nous dit un salarié du grand magasin. Conclusion : « Si les choses traînent, le BHV va dans le mur, c’est clair. »

Mathias Thépot

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F
Petite pensée pour toutes les personnes pour qui le BHV a compté dans leurs vie et plus particulièrement pour mon père Jean Claude RICHARD
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M
Quel magma d'incohérences et de justifications comptables douteuses ! C'est le personnel qui se retrouve dans une insupportable incertitude.
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J
C’est incroyable cette histoire ! Les galeries Lafayette vendent le BHV pour financer leur dette et la SGM achète sans avoir de quoi financer le rachat .....et les shadoks pompaient pompaient pompaient !
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D
En matière de financement immobilier, point n'est nécessaire d'avoir les fonds. Exemple : rachat d'un immeuble à rénover : emprunt 100 millions, avec clause de versement annuel des seuls des intérêts, le capital étant intégralement remboursé à échéance de 5 ans. A cette échéance, l'immeuble aura été rénové avec le produit des loyers encaissés et revendu par exemple à 120 millions.....CQFD
A
Autre article à lire dans en page 4 du Canard Enchainé de ce mercredi 21 août qui reprend dans les grandes lignes l'enquête de Médiapart.Très mauvaise publicité pour l'enseigne qui fût mon employeur 30 ans durant à St Genis-Laval (fermée en juillet 2012)..Pour tout dire après la fermeture à la circulation automobile de la rue de Rivoli par la mairie de Paris, ce qui est surprenant c'est que le repreneur CGM n'ait pas pris la mesure du désastre annoncé...Le début de la fin pour l'un des fleurons des grands magasins Parisiens probablement voué à de juteuses opérations immobilières à venir avec l'aval des pouvoirs publics comme souvent au détriment de centaines d'emplois sacrifié à la financiarisation et spéculation immobilière...Bien triste tout çà.
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