Lu pour vous dans la Presse Les échos et le Figaro du 27 janvier.
Je vous laisse le soin d'apprécier ces 2 articles parus ce jour concernant le BHV et la SGM.
Tout est dit pour rassurer...
Les échos 27 janvier 2025.
Article de Philippe Bertrand
Le rachat des murs du BHV reste à finaliser.
La société des grands magasins de Frédéric Merlin s’efforce toujours d’acquérir les murs du BHV, au cœur de Paris.
Les galeries Lafayette se sont résolues à accorder des souplesses à son acheteur.
Il y a « des choses qu’on dit et les choses qu’on fait », raconte le cinéaste, Emmanuel, Mouret. Mi-février 2023, les Galeries Lafayette annoncé la vente du BHV à la foncière, société des grands magasins, (SGM) du jeune Frédéric Merlin. Le lyonnais de 32 ans, signé une promesse d’achat pour le fonds de commerce de l’ancien, bazar de l’hôtel de ville et 80 000 m² de bâtiment au cœur de Paris : les murs du grand magasin, des boutiques et des appartements rue du temple, de la verrerie et des archives.
Deux ans plus tard, l’entrepreneur au col roulé et son associé dans l’affaire, l’ancien industriel, Lorrain Jean-Paul Dufour n’ont rien payé des 500 millions d’euros que prévoyait l’accord hormis le droit d’activité du BHV, qui valait peu en raison de ses pertes. Frédéric Merlin avait réussi à convaincre Natixis, dit-il, mais à des taux d’intérêt élevé, incompatibles avec le modèle économique d’un grand magasin.
« À l’époque, les taux d’intérêt remontaient, les liquidités s’asséchaient » explique un expert de l’immobilier. Un an auparavant lorsque la SGM avait racheté sans tracas sept Galeries Lafayette de province, le contexte financier était plus favorable. Les Galeries Lafayette se sont donc résolues à accorder un report de la promesse de vente et une facilité : la possibilité d’un rachat des immeubles. (Plus les murs du BHV du centre commercial, Parly 2, près de Versailles, dans les Yvelines.) par des investisseurs autres que la SGM. Le délai courait jusqu’en mars 2024 et a été de nouveau prorogé jusqu’à l’été 2025.
Relance commerciale.
La foncière 6e Sens, lyonnaise aussi et proche de la SGM, s’est substituée à Frédéric Merlin pour l’acquisition du bloc des rues de la Verrerie, du Temple, et des Archives. La ville de Paris a repris l’immeuble du numéro 42 de la rue de la verrerie. Restent l’immeuble du 13-15, rue de la Verrerie et des locaux du BHV Homme dont les rayons seront déménagés dans le bâtiment numéro un du BHV. La SGM n’en aura plus besoin et ne voit plus d’intérêt à son rachat.
Reste surtout l’immeuble principal. Frédéric Merlin annonce aux échos avoir bouclé un plan de financement. Il ne cite aucune banque mais plusieurs sources affirment que la Caisse des Dépôts regarde le sujet. Selon un proche du dossier pour que la transaction à environ 300 millions d’euros, soit effectuée fin juin, la Caisse devra donner son accord de principe en mars, ou en avril, afin que les autres banques suivent. Une fois cette étape franchie, si elle l’est, le patron de la SGM pourra se consacrer à la finalisation de la relance commerciale du BHV.
En septembre 2024, Mediapart relayait les plaintes de quelques fournisseurs et enseignes locataires du BHV. Les factures n’étaient pas payées et le reversement du chiffre d’affaires, des boutiques tardait. Les Galeries Lafayette s’inquiétaient pour le paiement du loyer d’un bâtiment qui lui appartient encore.
En situation de difficulté, le retard de paiement est un classique, cela soulage la trésorerie. Cela exerce aussi une pression sur des enseignes dont on souhaite le départ, confirme un connaisseur des grands magasins. Frédéric Merlin, met les retards sur le compte du débranchement de l’informatique de l’ancien exploitant et la nécessité de recréer un service comptable. Il assume aussi tirer les délais de paiement vers le maximum autorisé à savoir 45 jours.
Le patron de la SGM poursuit également la refonte de l’offre. La suppression du rayon enfant au cinquième étage a notamment été actée. L’espace du 7e étage a été libéré pour accueillir un grand espace de restauration.
L’entrepreneur n’a pas masqué le creux que les Jeux olympiques ont provoqué : effondrement du chiffre d’affaires de 10 % en juillet et de 20 % en août. Le BHV se situait pendant les compétitions au cœur de la zone rouge d’accès difficile. Les affaires ont repris en septembre. Le trafic a augmenté de 5 % à la fin de l’année 2024. Celle-ci s’est néanmoins achevé avec un recul des ventes de 8 %, à 260 millions d’euros, mais un résultat positif, quand il avait été négatif pendant 20 ans.
La SGM a de nouveau procédé à une recapitalisation du magasin. 20 millions d’euros ont été ajoutés à la première injection de 38 millions. Les impayés ont été purgé. La SGM peut se concentrer sur les murs du BHV. Une source indique qu’en cas de nouveaux problèmes plusieurs investisseurs institutionnels seraient prêts à reprendre le bâtiment en gardant le BHV comme locataire.
Nous construisons un modèle rentable fidèle à l’ADN du grand magasin.
Deux ans après votre rachat aux Galeries Lafayette, où en est le BHV ?
Nous avons atteint notre objectif en étant rentable dès cette première année, même si 2024 a été contrasté en termes d’activité. Au premier semestre, la météo a été plutôt défavorable. Pendant l’été, de mi-juin août, les ventes ont plongé de 25 %.
Notre clientèle, à 90 % parisienne, a déserté la ville lors des Jeux olympiques. Notre situation dans une zone difficile d’accès ne nous a pas permis de capter la des touristes. Et la refonte en cours de notre offre a aussi affecté nos ventes de manière transitoire. À cause de tout cela, nous avons terminé l’année avec un chiffre d’affaires de 260 millions d’euros, en baisse de 8 % même si notre trafic a augmenté de 5 % d’octobre à décembre.
Mais il faut bien comprendre que notre stratégie ne repose pas sur la croissance à tout prix. Nos ventes sont en légère baisse sur l’année, mais nous enregistrons un résultat positif et en hausse. En 2024, nous aurons dégagé 9,6 millions d’euros d’Ebida avant frais de siège, et de 5 millions après frais de siège. Il faut se souvenir que le BHV perdait 15 millions par an depuis une vingtaine d’années.
Mi 2024, une polémique est née autour du fait que le BHV ne payait plus certains fournisseurs, qu’en est-il aujourd’hui ?
Dans la réalité, en août, une dizaine de fournisseurs sur 2000 ont voulu alerter la presse au sujet des délais supplémentaires de paiement, et cette médiatisation a été alimenté par certaines organisation syndicale. Ces délais sont liés à l’autonomisation progressives du BHV vis-à-vis des Galeries Lafayette, qui nécessite de développer un nouveau service de facturation. Ces problèmes ont été largement réglé, même si notre système est encore perfectible. Nous avons dû recruter des comptables et nous n’en avons encore que 30 quand il nous en faut 50. Mais j’assume aussi le fait de renégocier certaines conditions commerciales, notamment quand les contrats prévoyez des délais de paiement de 10 jours alors que la plupart de nos concurrents, règle dans la limite légale des 45 jours, nous devons nous battre à armes égales.
Comment fait pour redresser la rentabilité de ce magasin ?
Nous avons procédé à un travail drastique de contrôle et de diminution des frais généraux. Et nous n’avons pas remplacé une partie des départs à la retraite et des CDD. Les effectifs ont ainsi diminué d’une centaine d’unités sur un total de 1100 sans plan social, mais dans le même temps, nous avons recapitaliser la société à hauteur de 20 millions d’euros qui s’ajoute aux 38 millions injectés lors de la reprise. Et nous avons alloués 9 millions d’euros aux travaux.
Quand s’achèvera la transformation et quelles en seront les grandes lignes.
Nous avons supprimé des rayons non rentables, comme le rayon enfant. Nous allons déménager l’Homme de la rue de la verrerie vers le bâtiment principal. Nous avons aussi arrêté la collaboration avec certaines marques et en avons intégré 200 autres. Nous allons faire du septième étage qui est vide aujourd’hui le plus bel espace de restauration de Paris, avec des restaurants abordables et une offre plus haut de gamme, dans la lignée de ce que nous propose aujourd’hui au sixième, avec les Tables Perchées d’un côté et la Table Cachée de Michel Roth de l’autre.
Pour le reste de l’offre, j’entends rester fidèle à l’ADN du BHV. Pas question de toucher au bricolage et à l’aménagement de la maison, qui représente presque la moitié de nos ventes. Nos bastions, ce sont la maison, la décoration, la mode, la culture et les loisirs. Je souhaite aussi ajouter des offres originales, plus saillantes et en phase avec la clientèle du Marais, sur le modèle d’un concept store. Nous voulons aussi être un acteur de la consommation du quotidien avec une offre alimentaire, un fleuriste… Tout cela nécessite d’importants investissements. Il nous faudra trois ans pour mener à bien cette transformation.
À l’origine, il était prévu que vous rachetiez les murs du BHV, ainsi que tout un ensemble immobilier dans les rues adjacentes. Selon nos informations vous n’avez encore rien acquis. Où en est cet aspect du dossier ?
Nous avons toujours eu le projet de reprendre les murs des bâtiments exploités par le BHV. le projet comporte plusieurs étapes. D’abord, la reprise du fonds de commerce, puis la partie immobilière. Nous avions obtenu début 2023 un financement mais les taux était alors très élevé et nous avons jugé qu’ils étaient incompatibles avec notre modèle économique.
Avec l’accord des Galeries Lafayette, nous avons donc négocié un nouveau délai. Et nous avons organisé l’acquisition de la partie résidentielle par une autre foncière, 6e Sens, un partenaire de longue date du groupe. Le nouveau délai court jusqu’à l’été 2025. Je peux dire que nous avons bouclé notre financement avec des partenaires solides.
Votre groupe ne se résume pas au BHV, comment se porte-t-il ?
En 2024, le groupe SGM a atteint son objectivité de rentabilité sur l’ensemble de ses activités. Nos 11 centres commerciaux, implantés dans le centre de villes de toutes tailles ont généré 27 millions d’euros de loyer. Nous y renouvelons notre offre, ce qui renforce l’attractivité des sites et le trafic. Nous avons ainsi ouvert 41 nouvelles boutiques en 2024, dont des locomotives comme Primark à Mulhouse. Nous en ouvrirons 45 en 2025, le tout a généré 600 millions d’euros de volume d’activité.
Nos 7 Magasins Galeries Lafayette franchisé sont également tous profitables, même si le chiffre d’affaires a légèrement fléchi, à 116 millions d’euros, contre 119 millions en 2023. Car, comme au BHV, nous y avons fait le choix d’un commerce rentable, renouvelé et tourné vers les nouvelles tendances. Nous y avons réalisé 30 millions de travaux et accueilli 50 nouvelles enseignes. Ce pôle dégage un Ebida de 14,5 millions d’euros. Au total, le groupe réalise 430 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé avec un EBITDA de 33,7 millions.
Le Figaro du 27 janvier 2025.
Le BHV renoue avec la rentabilité, selon la Société des grands magasins
Par Le Figaro avec AFP Elena Dijour / stock.adobe.com
Le magasin enregistre « un résultat positif, et en hausse » selon le président du groupe SGM Frédéric Merlin.
Le groupe a affirmé dans un communiqué lundi 27 janvier que « toutes les entités du groupe », y compris le célèbre Bazar de l’Hôtel de Ville parisien avaient été « rentables » l’an dernier.
La foncière Société des grands magasins (SGM) a affirmé dans un communiqué lundi 27 janvier que « toutes les entités du groupe », y compris le célèbre Bazar de l'Hôtel de Ville parisien sur lequel ont plané des inquiétudes en 2024, avaient été « rentables » l'an dernier. Le BHV a « enregistré en 2024 un Ebitda [bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, ndlr] avant frais de siège de 9,6 millions d'euros contre une perte de 15 millions d'euros en 2023 », indique la SGM dans un communiqué. L'Ebitda est un indicateur de rentabilité, mais la société n'a pas publié de résultats exhaustifs.
Dans un entretien aux Echos, le président du groupe SGM Frédéric Merlin précise que les ventes du BHV « sont en légère baisse sur l’année », mais il affirme que le magasin enregistre « un résultat positif, et en hausse ». Il y détaille que le BHV a dégagé un Ebitda « après frais de siège » de 5 millions d'euros. Au global, le groupe revendique un chiffre d'affaires qui « avoisine les 430 millions d'euros et permet d'atteindre un Ebitda avant contribution au siège estimé à 33,7 millions d'euros, conforme à nos prévisions ».
Des retards de facturation « réglés » selon la direction
L'entreprise ne donne pas plus de précision mais son dirigeant assure que « toutes les entités du groupe sont rentables », grâce précise-t-il dans le communiqué à «une gestion optimisée des frais, à la recherche permanente des meilleures organisations» ou encore «à un travail de fond sur la transformation des sites». Les représentants du personnel avaient alerté durant l'année 2024 quant à la santé du BHV, arguant notamment que certains fournisseurs rencontraient des difficultés à se faire payer depuis le changement de propriétaire. Le précédent propriétaire, le groupe des Galeries Lafayette, avait multiplié les refontes pour relancer un magasin qui connaît des difficultés depuis plusieurs années, mais avait fini par le céder fin 2023 à la foncière lyonnaise SGM.
« Une dizaine de fournisseurs sur 2.000 ont voulu alerter la presse au sujet de délais supplémentaires de paiement, et cette médiatisation a été alimentée par certaines organisations syndicales », a réagi Frédéric Merlin lundi dans Les Echos, évoquant un problème de logiciel de facturation. « Ces problèmes ont été largement réglés même si notre système est encore perfectible », a-t-il ajouté. Il précise par ailleurs que les effectifs du BHV « ont diminué d'une centaine d'unités sur un total de 1.100, sans plan social». Il était auparavant question d'environ 1.300 salariés, chiffre ne comptant pas les nombreux démonstrateurs employés par les marques présentes en magasins.