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Le blog du Réseau Bazar BHV

2011 03 31 Léone Meyer offre un voilier pour les mousses

26 Avril 2013 Publié dans #Lu dans la Presse

Source : Le télégramme.com  Bretagne

31 mars 2011 - par Stéphane Jézéquel

Mécénat. Un voilier pour les mousses

Léonne Meyer &mousses

«Moi aussi, un jour, j'ai eu la chance de ma vie», a expliqué aux mousses Léone Noëlle Meyer, héritière du groupe des GaleriesLafayette. Sans en dire davantage, la petite dame les a regardés droit dans les yeux en leur souhaitant bon vent sur le voilier qu'elle a mis à la disposition de l'École des mousses à Brest.

La vie de Léone Noëlle Meyer est un roman. Comment la petite orpheline d'une modeste famille juive émigrée à Paris a-t-elle pu se retrouver à la tête d'un des plus grands groupes commerciaux français? Elle a 3ans lorsque sa mère, son frère et sa grand-mère sont déportés en 1942, à Auschwitz. Elle ne les reverra plus. Miraculeusement, la petite Léone échappe à la rafle du Vel d'Hiv, est cachée jusqu'en 1944 avant d'être placée dans un orphelinat. En 1946, elle est adoptée, tout à fait par hasard, par l'épouse du président des Galeries Lafayette, groupe dont elle prendra les rênes un demi-siècle plus tard, aux côtés de 40.000 employés (Nouvelles Galeries, BHV, Monoprix, Cofinoga...).

Pas marin pour un sou

Les bateaux et la Marine lui étaient complètement étrangers. Léone Noëlle Meyer ne se souvient pas d'avoir eu un seul marin, ni même un militaire dans sa famille. C'est en lisant un article de presse sur le redémarrage de l'École des mousses, à Brest, qu'elle apprend que l'institution cherche à financer un voilier afin d'aguerrir et de fidéliser ses élèves. En priorité ceux que le système scolaire et le milieu familial n'ont pas favorisés, ces mousses à qui l'on tend la main pour un avenir meilleur. Sensible au concept, Noëlle Meyer joint immédiatement le Centre d'instruction naval (CIN) de Brest et passe une journée entière auprès des apprentis marins. «J'ai assisté à des cours, j'ai même suivi un entraînement au feu sur un bateau. J'ai essayé de sentir ce qu'il se passait dans cette école. Et ça m'a plu. J'ai vu que certains jeunes n'étaient manifestement pas issus des milieux les plus favorisés, qu'ils avaient une véritable chance à saisir». Convaincue, elle se retrouve, en fin de journée, dans le bureau du capitaine de vaisseau Bernard Riou. «Bon, de quoi exactement avez-vous besoin?». «D'un voilier!». «Oui mais de quelle taille?». «De quinze mètres pour embarquer une dizaine de mousses». «C'est bon, vous pouvez le commander!».

Grosse fortune, grand coeur

«Après un tel entretien, vous vous pincez pour vous assurer que vous n'avez pas rêvé», commente, un an après, le commandant du CIN. La capitaine d'industrie (aujourd'hui détentrice d'une partie de Publicis) a débloqué les fonds. La commande et les aménagements spécifiques du voilier pour embarquer douze personnes n'ont pas traîné. Celle qui, malgré sa fortune colossale, n'a jamais quitté la France et a continué d'y payer ses impôts (151millions d'euros réglés en 2006 après la vente de ses parts!) a enchaîné les actions humanitaires et de mécénat. Du temps où elle exerçait comme médecin pédiatre, elle multipliait déjà les opérations humanitaires dans les pays en crise, Colombie, Salvador, Cambodge, Mozambique, Birmanie... Et a participé à diverses campagnes de vaccination en Amérique du Sud et en Asie. «J'ai été marquée par la guerre civile au Cambodge», explique-t-elle sur le pont du voilier. «Cette violence insoutenable a été bien trop forte pour moi.Je me suis mise à aider les gens différemment». Mais à 70 ans passés, Léone Noëlle Meyer n'a rien perdu de sa ténacité. «Prenez votre destin en main! Faites le meilleur usage qu'il soit de ce bateau baptisé "Atout Chance". Et dites-vous que les plus belles chances ne se représentent pas deux fois dans une vie!», adressait-elle aux jeunes mousses prêts à larguer les amarres à bord de cet Ovni 495, un bijou mis à disposition pendant cinq ans, pour un budget total de 500.000€.

  • Stéphane Jézéquel

 

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