Lu dans la Presse « La grève, on y réfléchit » : à Paris, malaise au BHV, en proie à des difficultés financières
Lu pour vous dans la Presse légèrement modifié le 18/08
Le Parisien Par Auguste Canier Le 15 août 2024
Racheté fin 2023 par la Société des grands magasins, l’emblématique Bazar de l’Hôtel de Ville est-il en péril ? Plusieurs enseignes et prestataires de services n’ont pas été payés ces derniers mois. Les salariés craignent de voir leur magasin disparaître et exigent des réponses de la direction.
« C’est du jamais-vu dans un grand magasin », alerte l’intersyndicale du BHV Marais à Paris (IVe). L’inquiétude grandit au sein de l’historique Bazar de l’Hôtel de Ville, racheté en novembre 2023 par la Société des grands magasins (SGM), présidée par l’homme d’affaires Frédéric Merlin, 33 ans. Moins d’un an après le changement de propriétaire, le BHV fait face à d’importantes difficultés financières.
Des prestataires non payés depuis plusieurs mois.
Moins d’un an après le changement de propriétaire, le BHV fait face à d’importantes difficultés financières.
Au point que plusieurs enseignes installées dans le grand magasin, ainsi que des prestataires de services et fournisseurs, n’ont pas été payés depuis plusieurs mois, selon une enquête de Mediapart parue le 13 août.
Des engagements financiers non respectés que « le parisien a pu vérifier sur Place auprès des commerçants. « Sans rentrer dans le détail, nous n’avons toujours pas reçu de paiement pour les ventes effectuées au mois de mai et juin, confie le responsable d’une marque de literie installée au 6e étage. Et à l’heure où je vous parle, les clients qui ont effectués une commande au magasin ne pourront pas être livrés. La confiance entre le BHV et les fournisseurs est rompue. A ce rythme-là, on va dans le mur ».
Des retards de paiement depuis février
Dans ses 38 000 m2 de surface commerciale, le BHV dispose de 320 « corners », sur lesquels les marques vendent leurs produits grâce à leurs propres salariés. Le grand magasin encaisse les achats des clients, avant de reverser la recette aux enseignes, en déduisant de la somme le loyer des emplacements. Un modèle économique qui oblige les entreprises à avancer plusieurs mois de trésorerie, afin de rémunérer les fournisseurs et leurs employés.
Les premiers retards de paiement ont été observés quelques mois après l’arrivée de la SGM, en février, selon plusieurs salariés. L’intersyndicale dénonce aussi des prestations de ménage menées à la va-vite et honorées avec plusieurs mois de retard. Si le montant des impayés reste difficile à quantifier, y compris par les syndicats, les sommes évoquées oscillent entre plusieurs milliers et jusqu’à un million d’euros pour certaines marques, notamment sur le gros mobilier.
Un chiffre que réfute la direction de la SGM. « Les montants et les retards n’ont rien à voir avec ceux évoqués par certains médias », explique le groupe, en référence aux chiffres détaillés par Mediapart. La SGM reconnaît toutefois des « perturbations », pour « une période transitoire ». « Nous sommes désolés des désagréments que ces perturbations entraînent pour les fournisseurs », indique le groupe, qui assure travailler à résoudre ce problème au plus vite.
Les marques mettent la pression
En réponse, « une vingtaine de fournisseurs » ont suspendu leurs livraisons au BHV, selon l’intersyndicale. Au sous-sol, dédié aux articles de bricolages, certains rayons sont vides, faute d’approvisionnement.
Au 4e étage, celui de la décoration intérieure, le « corner » de la marque Madura est même entièrement vidé et rendu inaccessible par des barrières. Début août, l’enseigne a déserté le magasin, du moins temporairement, pour réclamer son dû. Sollicitée, la marque n’a pas donné suite.
« C’est un coup de pression pour faire réagir le BHV, croit savoir l’employée d’un stand de linge de maison voisin. Certaines marques sont suffisamment solides pour aller au conflit, mais les petites structures risquent de devoir licencier, voire de mettre la clé sous la porte. »
« Les anciens process » de paiement en cause ?
Auprès du Parisien, la SGM explique ses difficultés de paiement par la mise en place d’un nouveau mode de gestion comptable, après le rachat du BHV aux Galeries Lafayette. « Nous utilisons encore les anciens process des Galeries Lafayette pour le traitement et le règlement de nos factures, avec des outils qui ne sont pas adaptés à notre organisation actuelle », précise le groupe, qui ajoute avoir investi « plusieurs millions d’euros » dans un nouveau système de facturation, « opérationnel dans quelques mois ». La SGM affirme maintenir son objectif de rentabilité d’ici à fin 2024.
Ces explications peinent à convaincre les employés du grand magasin. « Les problèmes de gestion, on veut bien y croire au début, mais près d’un an après le rachat, ça ne tient plus », observe un vendeur du rayon bricolage.
« Il y a un loup, abonde Floriane Biais, déléguée CGT. La question qu’on se pose aujourd’hui, c’est à combien s’élève le déficit du BHV ? La direction ne nous dit rien. »
Après le lancement d’un droit d’alerte économique en juin, l’intersyndicale reste mobilisée auprès des salariés pour exiger des réponses.
« La grève ? On y réfléchit, on voit ce qui est possible », préviennent les organisations syndicales. Celles-ci attendent désormais le 13 septembre et la remise d’un rapport d’expert sur la stratégie économique de la SGM, commandé par leurs soins. « Le patron a dit qu’il répondrait à notre droit d’alerte à ce moment-là », explique l’intersyndicale.
L'article de Capital reprend à peu près la même chose:
Difficile de commenter, plusieurs facteurs aggravant sur cette période : la non circulation décidée par la Maire de Paris ,les JO et leur nouvelles comptabilité...
Quand je repense au CA réalisé, à la Literie ou au Pem en 2008... Chacun faisant plus de 16 millions d'euros par an à Rivoli, cela ne peut que nous peiner !
CD