2012 09 20 LaSer Cofinoga: ç’a eu payé pour les Galeries Lafayette
12 Octobre 2012 Publié dans #Lu dans la Presse
de Stéphane Lauer : Le Monde 20 septembre 2012
Tout doit disparaître ! Ou presque. On est encore loin de la période des soldes, mais aux Galeries Lafayette, on met déjà de l’ordre dans les rayons. Après avoir négocié la vente de sa participation dans Monoprix, le groupe de grands magasins veut maintenant se séparer de sa filiale de crédit à la consommation, LaSer Cofinoga. La cession de Monoprix s’est faite dans la douleur, au prix d’un contentieux retentissant avec l’acheteur, Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino. On a désormais hâte de voir si Philippe Houzé, le patron des Galeries, fera mieux, cette fois-ci, avec un acquéreur tout aussi coriace: BNP Paribas.
Il est loin le temps où Cofinoga faisait les beaux jours des Galeries Lafayette. Le groupe avait mis la main sur cette pépite au début des années 1990, lors du rachat des Nouvelles Galeries. Comme disait Fernand Raynaud dans son sketch Le paysan : "Ç'a eu payé". En 2005, LaSer Cofinoga réalisait encore plus de la moitié du résultat d’exploitation des Galeries Lafayette.
Depuis, les affaires se sont gâtées. C’est le moins que l’on puisse dire. La crise, ajoutée à une législation moins accommodante et une mauvaise anticipation de l’évolution du modèle économique, ont fait s’effondrer le business et le carrosse s’est transformé en citrouille. LaSer a perdu 200 millions d’euros en 2011. Pour les Galeries, la descente aux enfers s’est traduite par une provision de 153 millions. Un plan de restructuration est bien en cours, mais le retour à meilleure fortune n’est prévu que pour 2015. Autant dire une éternité, alors que pour les Galeries le temps presse. Les magasins de province souffrent, le BHV perd de l’argent. Seul le navire amiral du boulevard Haussmann fait de la résistance grâce aux touristes chinois et russes. Mais jusqu’à quand?
Dans ces conditions, les Galeries cherchent à vendre ce qui peut l’être. Pour LaSer, l’acheteur est tout trouvé. BNP Paribas détient déjà 50% du capital et les Galeries ont une option de vente qui court jusqu’au 30 septembre. Un délai extrêmement tendu, un modèle économique qui bat de l’aile: on pourrait rêver mieux comme contexte de négociation.
Surtout, pendant des années, BNP Paribas, a fait preuve d'une grande patience en laissant son partenaire gérer LaSer avec le résultat que l'on sait. Aujourd'hui l'heure de la reprise en main a sonné avec un audit et la nomination d'un nouveau management. De ce point de vue, Philippe Houzé n'est pas en position de force.
En 2005, BNP Paribas avait pris 37% des Galeries, revendus quatre ans plus tard aux actionnaires familiaux à ce que l’on pourrait appeler, un prix d’ami. Rien n’indique que la banque fera preuve cette fois de la même mansuétude à propos du rachat de LaSer.
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